Zulu - Caryl Férey
C'est une pure coïncidence si j'ai lu ce roman juste après avoir vu le dernier film de Clint Eastwood, mais c'est une heureuse conjonction qui m'a permis de mettre en perspective l'histoire récente de l'Afrique du Sud.
Trois policiers enquêtent sur le meurtre d'une jeune fille. Trois policiers qui figurent un instantané de ce que pourrait être la nouvelle Afrique du sud, rêvée par Nelson Mandela. Le boss, Ali Neuman, est Zoulou, son bras droit, Brian Epkeen, est Afrikaner et le plus jeune de la bande, Dan Fletcher, est métis. Les deux premiers sont sortis bien cabossés de l'Apartheid. Ali a vu son père, membre de l'ANC, massacré par les milices de l'Inkatha, groupuscule rival. Brian a pris des coups et des bosses pour avoir été un des rares Blancs à prendre le parti des Noirs.
Une jeune fille blanche est donc retrouvée morte dans le jardin botanique de Cape Town. Son visage a été littéralement écrasé à coups de marteau et son sang contient un cocktail de drogues, dont une molécule inconnue. Les enquêteurs commencent à suivre la piste d'un dealer de drogue, piste qui mène à un gang du township. Plus ils avancent et plus ils sont confrontés à la violence. Les cadavres pleuvent. La piste devient sanglante et mène les trois hommes à un complot qui réunit mafia et industrie pharmaceutique.
C'est un roman extrêmement documenté, autant sur la politique sud-africaine que sur la biologie moléculaire. Caryl Férey nous montre un pays ravagé par la violence et le sida, un pays qui peine à se remettre de quarante ans d'Apartheid, qui fut une véritable guerre civile, opposant non seulemnt les Blancs aux Noirs, mais aussi les Noirs entre eux. Une guerre qui a donné naissance à toutes sortes de brigands : voyous, mafieux, dealers et paramilitaires. Bien loin des cartes postales touristiques, c'est un roman très noir qui entraîne ses héros dans une spirale de violence et son lecteur dans un suspense haletant. C'est un roman pessimiste qui ne fait que des perdants et laisse son lecteur complètement carbonisé. Et pourtant la plume de Caryl Férey est toute en tendresse, en humanité, l'amour affleure de partout, comme une fleur sur du fumier. Encore un roman dont je suis sortie lessivée (et il faut que j'arrête avec le whisky sinon ça va mal finir...)
« Il pleuvait des baisers morts sur la terrasse dévastée. »
Déjà lu (et approuvé) par : Gilmoutsky - JM Laherrère - Amanda - Anna Blume - Kathel et bien d'autres.
Editions Gallimard, 2008. - 393 p.