Marina Bellezza - Silvia Avallone
Rentrée littéraire 2014
En 2012, dans l'Italie de Berlusconi, une vallée du Piémont sinistrée par la crise. Les filatures ont fermées, les boutiques aussi et les villages se sont dépeuplés. C'est là, dans la petite ville de Biella, que Marina et Andrea ont grandi, dans la même rue mais dans deux familles bien différentes. Lui, fils d'avocat devenu politicien, est un gosse de riche. Elle, est issue d'une famille modeste. Mais ils ont tous deux des comptes à régler avec leur famille. Elle, fille de parents trop jeunes, les a vus très tôt se disputer, puis sa mère devenir alcoolique quand son père est parti. Lui, n'aime pas les positions politiques de son père qui appartient au parti néofasciste et, surtout, lui reproche de lui préférer son frère aîné.
Ils se sont aimés à l'adolescence, puis se sont éloignés et se retrouvent presque par hasard dans une fête de village. Et c'est tout de suite le retour de la passion, mais une passion dévastatrice. A part une même colère contre le monde qu'ils habitent, incarné par leurs pères respectifs, ils ne partagent rien. Ils sont le symbole d'une jeunesse totalement désespérée qui ne se voit aucun avenir dans une Italie en pleine déliquescence. Mais ils incarnent deux visions du monde totalement opposées.
Elle, apprentie chanteuse, ne rêve que de gagner un radio crochet télévisé. Elle est belle, mais vulgaire, pleine de feu mais inculte et égoïste. Elle a la rage des gamines pauvres qui ont une revanche à prendre sur la vie. Tous ses rêves se cristallisent sur la quête du succès, le show, les paillettes, l'argent facile et le plaisir immédiat, tout ce qui a fait les beaux jours de la période berlusconienne.
Lui, prépare un doctorat, il aime la poésie, la nature et les livres. Il prône l'anticapitalisme et le retour à la terre. Il rêve de s'acheter des vaches, de reprendre la bergerie de son grand-père et de fabriquer du fromage. Il incarne une Italie traditionnelle, à la fois rurale et cultivée.
Ils s'aiment à la folie, mais ne s'entendent pas. Comment le pourrait-il, avec des rêves si différents ? Alors, ils se disputent, se quittent, se retrouvent, se dévorent et se déchirent. Et le problème, c'est que ça devient vite fatigant, ce tango amoureux rythmé de hurlements, de baisers et de portes qui claquent. On sait bien qu'entre eux ça ne collera jamais même quand ils font semblant d'y croire. Alors, c'est long, terriblement long…
Et c'est bourré d'excès. Je sais qu'en Italie tout est toujours excessif, mais j'ai trouvé ça franchement éprouvant, ses caprices à elle, ses emballements, ses fuites, ses colères à lui, ses silences, ses bouderies, son comportement pénible avec ses parents, avec ses amis, avec tous ceux qui veulent l'aider.
Et tout le reste est à l'avenant : des métaphores éculées, une surdramatisation de chaque évènement, un pseudo-suspense, un abus de prolepses et de situations hautement improbables, un troisième personnage entre eux deux complètement raté...
J'aurais vraiment voulu aimer ce livre qui évoque un contexte social qui nécessite d'être montré, et qui mérite mieux que cette bluette sentimentale hystérique. J'ai lu les cinquante dernières pages en diagonale, tellement ils m'épuisaient tous les deux.
Un "vrai plaisir de lecture" pour Hélène et une "lecture forte" pour Clara.
Du même auteur : D'acier (2011)
Traduit de l'italien par Françoise Brun.
Editions Liana Levi, 2014. - 542 p.