Le goût de la marche
Qu'est-ce qui pousse l'être humain, encore et toujours, à se mettre en branle pour aller voir ailleurs s'il y est ? C'est à cette question que tente de répondre cette petite anthologie qui rassemble des textes d'auteurs français et étrangers ayant tous trait au plaisir de la marche. C'est amusant de constater combien d'écrivains sont des marcheurs, qui expliquent combien la marche est un bon moyen pour mettre au clair ses idées tout en calmant l'agitation de l'esprit.
Le marcheur des villes, qui baptise promenade son activité favorite, est un fin observateur des gens, des choses, de l'architecture et de l'agitation du monde. Je lui préfère le marcheur des champs, plus porté à la flânerie et à la rêverie, comme Jean-Jacques Rousseau qui résume assez bien mon propre sentiment sur la marche :
"La vie ambulante est celle qu'il me faut. Faire route à pied par un beau temps, dans un beau pays, sans être pressé, et avoir pour terme de ma course un objet agréable : voilà de toutes les manières de vivre celle qui est le plus de mon goût."
Mais mon vrai coup de coeur va à ces marcheurs au long cours qui avalent les kilomètres et expriment si bien le vertige de la marche :
"J'étais au bord de ce chemin poussiéreux comme dans le ventre de ma mère. Parfaitement vide, parfaitement décentré. Des projets de départ, le voyage avait tout emporté. Je me retrouvais rien, moins que rien, sans origine ni destination, entièrement absorbé par l'ici et le maintenant." (Nicolas Bouvier)
Ils nous rappellent notre initiale condition de vagabonds que la faim et la curiosité toujours poussent en avant.
Un petit opuscule à glisser dans la poche du sac, qui ouvre plein de portes vers d'autres textes.
Ce titre appartient à une collection qui propose de petites anthologies sur tous les thèmes ou presque, du "goût de Pékin" au "goût de la lecture", en passant par le "goût de la révolte".
Textes choisi et présentés par Jacques Barozzi.
Mercure de France, 2008. - 136 p.