La grâce des brigands - Véronique Ovaldé
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'enfance de Maria Cristina ne fut pas très riante. Elle a grandi quelque part au Canada, dans le terne village de Laperouse, dont le nom sonne pourtant comme une promesse de balade exotique. Hélas, rien de bien exotique dans la famille Vaatonen. Les parents se sont rencontrés par erreur et par accident, et mariés par ennui. La mère tombe très vite dans un excès de religion sinistre et sectaire, qui bannit toute idée de plaisir. Par faiblesse, le père s'enferme dans le mutisme, et préfère discrètement sa fille aînée, rendant jalouse la cadette. Rien d'étonnant, donc, à ce que Maria Cristina saute sur le premier prétexte venu, en l'occurrence une bourse d'études en Californie, pour prendre la tangeante. A Los Angeles, elle tombe sous la coupe d'un écrivain mégalomane en mal de Nobel, avant de devenir elle-même écrivain, transformant son histoire en matériau littéraire.
Voilà un roman qui se lit sans déplaisir. Le plume de Véronique Ovaldé est fluide et j'aime beaucoup son univers totalement baroque. Malheureusement, je n'ai jamais réellement réussi à m'intéresser à cette pauvre Maria Cristina, que j'ai trouvé terne et falote, alors qu'elle est supposée incarner la femme libre et indépendante. Je suppose que l'auteur a voulu nous dire qu'il n'est pas facile d'avoir une vie équilibrée quand on a eu une enfance sans joie, ce dont on se doutait un peu. Pour moi, le moment le plus plaisant du roman se situe cinquante pages avant la fin quand un petit graçon surgit dans la vie de l'héroïne. C'est un peu tard. Et ça a l'air de vouloir dire que, finalement, ce n'est point le roman mais l'enfant qui fait la femme.
Editions de l'Olivier, 2013. - 284 p.