La confrérie des chasseurs de livres - Raphaël Jerusalmy
Qui détient la connaissance, détient le pouvoir. L'Eglise l'a très vite compris en confiant à ses clercs la copie des textes sacrés et profanes. Mais l'invention de l'imprimerie vient bouleverser l'histoire du livre et de sa diffusion. Le jeune roi Louis XI devine très vite le parti qu'il y a à utiliser cette nouvelle invention pour contrecarrer le pouvoir de Rome. Il veut convaincre l'un de ces libraires imprimeurs de s'installer à Paris pour y diffuser des textes que l'Eglise réprouve. Pour ce faire, il a besoin d'un émissaire qui soit à la fois lettré et roublard. Il va le trouver dans la geôle du Chatelet. C'est là que croupit le poète et brigand François Villon, dans l'attente de sa condamnation à la pendaison. Il est ravi d'accepter le marché qui lui est proposé : la liberté contre une mission auprès du libraire Fust. Cette mission va le conduire bien plus loin qu'il ne l'aurait pensé, jusqu'en Palestine où il découvre la Confrérie des chasseurs de livres qui se sont donnés pour mission de sauver les livres, mis en péril par les guerres, les pogroms ou les révoltes.
L'idée n'était pas mauvaise d'inventer un destin à François Villon, dont on ne sait ce qu'il devint après son bannissement de Paris en 1462 ; intéressant, aussi, de plonger le lecteur dans l'histoire du livre au tout début de ce qui allait devenir la Renaissance. Mais le roman m'a semblé manquer singulièrement de rythme, tout comme le poète Villon manque d'épaisseur et de consistance. Sous la plume érudite et très descriptive de l'auteur, on sent le travail de l'honnête artisan qui s'applique à faire vivre une époque, un décor, un paysage. Un peu trop appliqué, peut-être. Certes, le propos est passionnant qui nous fait croiser Laurent le Magnifique, découvrir avant l'heure les manuscrits de la Mer Morte ou descendre dans la "Jerusaleme d'en bas". Et pourtant, malgré les cachots et les parchemins secrets, les caravanes et les embuscades, tout cela reste un peu plat et un peu sage à mon goût, pour ce qui aurait pu être un formidable roman d'aventures.
Actes Sud, 2013. - 320 p.