La musique du hasard - Paul Auster
Alors que sa femme vient de le quitter et qu’il a dû renoncer à la garde de sa petite fille, Nashe hérite brusquement deux cents mille dollars d’un père perdu de vue depuis trente ans. Que faire de cet argent, maintenant qu’il est tout seul ? Nashe achète une voiture et se met à sillonner les routes de l’Amérique, sans autre but que de tuer le temps. Il a presque épuisé ses ressources financières quand il rencontre Jack Pozzi, jeune et brillant joueur de poker, qui lui propose une affaire mirobolante…
Lire Paul Auster est toujours un vrai plaisir tant son style est limpide : il a un vrai don pour attraper son lecteur dès la première phrase et le tenir en haleine jusqu’au dernier mot. C’est un extraordinaire conteur dont les histoires sont à la fois riches de sens et pleines d’énigmes. Ce n’est pas seulement avec regret que j’ai terminé ce roman mais avec un intense sentiment de frustration face à une fin aussi rapide et abrupte. En tout cas, en première analyse. Après réflexion cette fin brutale s’explique par tout ce qui précède. Car le sujet de ce livre c’est le hasard, ou plus exactement cette infinité de petits hasards qui tissent nos vies et nous conduisent là où l’on n’aurait jamais cru aller… Mais le hasard n’est pas tout puisqu’il est beaucoup question du libre-arbitre aussi dans cette histoire. On y croise plusieurs personnages qui ont un jour reçu une grosse somme d’argent, chacun d’eux en a fait un usage différent. Paul Auster interroge la notion même de liberté. Nashe connaît d’abord une liberté totale mais complètement vide de sens, puis il fait l’expérience de l’enfermement où une tache à accomplir remplit sa vie. Bien sûr, il y a des tas de questions qui restent sans réponse, mais c’est la richesse de ce texte que d’offrir au lecteur de multiples interprétations.
Un roman à lire et à relire.
D'autres avis : Black - Virginie - Val - Laurence - Essel.
Traduit de l’américain par Christine Le Boeuf.
Babel, 2000. – 313 p.