Amours - Léonor de Récondo

Publié le par Papillon

« Pourquoi nous a-t-on tant menti durant notre enfance ? Sur la vie conjugale, sur tout ce qui est censé faire le bonheur d’une femme ? »

 

 

Au début du XXe siècle dans une petite ville de province, Victoire est une bourgeoise qui s’ennuie. Elle est mariée depuis cinq à Anselme de Boisvaillant, notaire, plus intéressé par ses dossiers que par son épouse, sa deuxième épouse, épousée sur réponse à une petite annonce rédigée par les parents de la demoiselle. Peu d’amis, peu de sorties, pas encore d’enfants, Victoire se sent inutile et ne parvient pas à trouver dans le mariage cet épanouissement que sa mère lui avait promis. Comme elle n’a pas beaucoup de goût pour ce qu’elle appelle « l’enchevêtrement immonde », le mari monte régulièrement au deuxième étage violer la petite bonne Céleste, avec la bonne conscience du bourgeois qui use de ce qui lui est dû. La jeune Céleste, issue d’une famille nombreuse de paysans, n’ose bien sûr ni résister ni se plaindre, de peur de perdre ce qu’elle considère comme une bonne place. Quand elle tombe enceinte, elle se tait, pour la même raison. Découvrant la vérité, Victoire exige d’abord un avortement, avant de décider de faire passer l’enfant pour le sien, dans l’espoir que ce bébé mettra, enfin, un peu de sens dans sa vie. Mais elle ne parvient ni à l’aimer ni à s’y intéresser. L’enfant, un petit garçon, se meurt en silence. Céleste décide alors de sauver celui qu’elle ne considère plus comme son fils mais avec lequel elle se sent encore un lien charnel.

 

La première partie du roman m’a parue à la fois bien banale et bien ennuyeuse, parce que la bourgeoise de province qui s’ennuie est quand même un thème un peu rebattu de la littérature française. Page 130, j’ai vraiment espéré qu’un autre roman allait commencer. Sauf que je n’y ai pas cru une seconde à cette bourgeoise empesée qui monte au deuxième étage se glisser dans le lit de sa petite bonne (après la mari, l'épouse ; après la brutalité, l'amour). Certes, Léonor de Récondo contribue à détruire ce vieux mythe selon lequel l’épanouissement des femmes passerait obligatoirement par la maternité. Et j’aurais vraiment aimé assister à la découverte du corps, du désir, de la sensualité. Sauf que ce n’est jamais ça. Tout reste extrêmement convenu, prude, désincarné. Les personnages m’ont semblé sans consistance et ne sont jamais parvenus à m’émouvoir. Certaines scènes sont, au mieux, peu crédibles, au pire d’un ridicule achevé. Le summum étant atteint avec l’épisode de la tuberculose tout à la fin du roman.

 

Un roman très insipide pour moi, mais mon avis est totalement dissonant.

 

 

Sabine Wespieser, 2015. – 276 p.

 

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E
Je suis totalement d'accord avec toi, j'ai trouvé ce roman pas crédible pour deux sous, artificiel, et en effet, le ridicule n'est pas loin... Je n'ai vibré à aucun moment censé nous émouvoir.
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P
Je ne suis pas fâchée de voir que quelqu'un partage mon avis sur ce roman qui a reçu un concert de louanges !
A
Effectivement, voilà un avis à l'opposé de tout ce que j'ai lu ! Intéressant de lire une autre voix...du coup je en sais plus si je le lirai ou pas. J'en ai tant qui m'attendent :)
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P
A emprunter en bibliothèque pour se faire une idée ? ;-)
V
Aïe, je crois que je vais devoir me faire ma propre opinion.
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P
Mon avis reste minoritaire...
U
J'ai eu un avis complètement opposé. Comme quoi on perçoit différemment les choses et tant mieux. Il m'est arrivé de trouver nul ou insipide des romans que d'autres encensaient. Je me méfie d'ailleurs de ce qui pourrait satisfaire tout le monde.
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P
Oui, ce serait en effet bizarre un livre qui plairait à tous, celui-ci n'a pas su me toucher moi, mais il a touché beaucoup d'autres lecteurs.
A
J'ai beaucoup aimé ce roman dont j'ai apprécié la réflexion autour de la féminité, de la maternité et du corps. Le thème de la bourgeoise qui s'ennuie est certes déjà vu mais en littérature de nombreux thèmes se recyclent avec plus ou moins de succès. <br /> Malgré cela j'aime beaucoup ton avis, qui s'il diverge du mien, est très bien argumenté.
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P
C'est vrai, sauf que là il m'a semblé qu'il n'y avait rien de nouveau. Ou plutôt ce qui est nouveau : la découverte du corps était mal abordé.
K
C'est toujours très intéressant de lire des avis différents... Personnellement, je n'ai pas été touchée par Pietra Viva mais je n'en ai pas parlé... Chaque livre trouve ses lecteurs ! D'aucuns peuvent adorer des livres que d'autres vont détester...
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P
Entièrement d'accord ! Heureusement que nous ne sommes pas tous touchés par la même chose :-)
C
un roman certes convenu mais qui a su me toucher dans les dernières pages
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P
Même la fin est un peu ridicule pour moi (la tuberculose, etc...)
X
au moins c'est clair ! mais comme la chèvre grise je lui laisserai sa chance à cause de Pietra viva, bonne soirée
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P
tu as bien raison : tous les romans doivent avoir leur chance, parce qu'il y a des lecteurs pour tous les romans !
P
Je ne me suis jamais ennuyée avec ce roman. J'y ai trouvé beaucoup de vie, d'amour, de passion, une belle écriture, quelque chose qui m'a liée à l'intrigue, aux personnages (ce que je n'avais absolument pas ressenti dans Pietra viva où là, le style froid m'avait laissée...de glace). J'ai vécu cette histoire à 100%. Oui, Léonor de Récondo décrit une France déjà ressentie sous Mauriac par exemple. Mais ce qu'elle en fait rend son intrigue unique. C'est juste suffisant pour moi et surtout très bon. Amours n'est pas un coup de cœur mais un très bon roman selon moi. Bisous
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P
Et tu en parles très bien. Des bises.
J
J'aime bien ton avis dissonant et tranché mais j'ai malgré tout toujours autant envie de le lire.
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P
Tant mieux ! Je ne veux décourager personne. Un avis négatif peut aussi donner envie par contraste.