Longue marche - Bernard Ollivier
2. Vers Samarcande
Cet été, je ne partais pas en randonnée comme d’habitude (même si j’ai quand même beaucoup crapahuté…), alors pour compenser, je me suis lancée dans le deuxième épisode des aventures de Bernard Ollivier sur la Route de la soie.
La première partie de son périple l’avait conduit d’Istanbul jusqu’en Anatolie, où il avait dû mettre un terme à son aventure un peu prématurément pour cause de dysenterie amibienne aigüe. Un an plus tard, guéri et requinqué il reprend la route exactement là où il l’avait quittée : à l’extrémité orientale de la Turquie et à quelques dizaines de kilomètres seulement de la frontière iranienne (ce qui m’a permis de découvrir que la Turquie possède une frontière commune avec l’Iran, tout comme avec la Syrie et l’Irak, d’ailleurs). Le début de son voyage est marqué par un manque très net de motivation. Bernard Ollivier s’inquiète du parcours qui l’attend et qui doit le conduire à Samarcande à travers trois pays réputés peu amicaux : l’Iran, le Turkménistan et l’Ouzbékistan, c'est-à-dire une république islamiste et deux ex-républiques soviétiques. De plus, le parcours comporte trois déserts que le marcheur va devoir traverser en pleine période estivale. Il entame donc ses premiers kilomètres à pieds en se demandant ce qui le pousse dans cette folle aventure...
Heureusement, il découvre très vite que l’Iran profond est bien différent de ce que les média occidentaux nous en montrent. Certes, le pays vit sous la loi islamiste et les mollahs essaient de tout contrôler, mais les iraniens sont chaleureux, accueillants et surtout très curieux de ce qui vient d’ailleurs. Malgré la situation, ils gradent leur humour et leur esprit critique, tout comme leur gôut pour la poésie et la querelle.
« Ils passent le plus clair de leur temps dans les jardins à humer et comparer l’odeur des roses, et assassinent au lever du soleil la moitié de leur famille. »
Bernard Ollivier est souvent reçu avec gentillesse et générosité et retrouve très vite son enthousiasme de voyageur à l’affut de belles rencontres. Il parvient même à apprivoiser le désert en se fabriquant un charriot à roulettes destiné à transporter les litres d’eau nécessaires à sa survie en milieu aride. La traversée du Turkménistan et de l’Ouzbékistan sera tout aussi tranquille, malgré la multitude des contrôles policiers et la laideur de ces pays ruinés par la chute de l’empire soviétique.
J’ai trouvé ce second volume bien différent du premier. L’auteur y est moins centré sur lui-même, sur le comptage des kilomètres et l’énumération des petits bobos inhérents à la marche à pieds. Il se concentre davantage sur les mœurs et coutumes des pays traversés, les paysages contemplés, les ruines de caravansérail qui émaillent le parcours et surtout la richesse de ses rencontres qui font de ce voyage sportif une fantastique aventure humaine.
Un récit qui donne envie de (re)partir.
Phébus Libretto, 2005. – 320 p.