Manituana - Wu Ming
Rentrée littéraire 2009

Dans l’actuel état de New York existait en 1775 une communauté mixte composée de tribus iroquoises, les Six Nations, et de la puissante famille irlandaise des Johnson. Sir William Johnson, commissaire aux affaires indiennes, avait appris la langue mohawk, avait épousé une mohawk et eut huit enfants métis. Pendant longtemps, cette communauté, baptisée Iroquirlande, vécut dans la paix et la tolérance. Mais les colons étaient de plus en plus nombreux à s’installer en Amérique, la cohabitation entre les différentes communautés devenait de plus en plus difficile. Les colons voulaient des terres, les terres des indiens. Après la mort de Sir William, de plus en plus de colons appelèrent à la révolte et réclamèrent l’indépendance de la colonie américaine. La révolte, partie de Boston, gagna bientôt tout le Nord Est du pays. Les membres des Six Nations décidèrent d’envoyer un émissaire auprès du roi Georges d’Angleterre pour faire défendre leurs droits.
Ce roman fut un vrai choc. D’abord parce qu’il raconte une face méconnue de l’histoire américaine : comment le combat pour la liberté des patriotes américains fut un combat contre les tribus indiennes autant que contre l’Angleterre. Ensuite, parce qu’il met en scène des personnalités fortes, généreuses et héroïques : le chef indien Joseph Brant Thayendanega qui lance son peuple dans une guerre perdue d’avance, le guerrier blanc Philip Lacroix Ronaterihonte, baptisé le Grand Diable par ses adversaires, l’épouse un peu sorcière de Sir Johnson, Molly Brant, et son fils Peter, enfant métis joueur de violon. C’est un roman très documenté qui nous mène des forêts de la vallée du Mohawk à la ville de Montréal puis dans les rues de Londres. Scènes de chasse, scènes de guerre, salons aristocratiques, tout est rendu de manière très précise et très visuelle. On s’y croirait. A tel point que je me suis demandée comment on pouvait écrire à dix mains un roman si construit, si foisonnant et où, cependant, chaque personnage a sa propre voix.
Un roman qui mêle histoire, politique, nature, culture et un doigt de magie indienne.
Déjà lu par : JM Laherrère - Aurore
Traduit de l’italien par Serge Quadruppani.
Métailié, 2009. – 508 p.