Paris en toutes lettres / Episode 2

Publié le par Papillon



Météo toujours clémente en ce vendredi, pour la deuxième journée de Paris en toutes lettres. Au programme de cette fin de journée et début de week-end, j'ai choisi deux lectutres qui se tiennent à nouveau au 104.

Je prévois d'arriver très en avance pour le Concert littéraire de Philippe Djian et Stéphane Eicher, parce que je subodore qu'une telle affiche va attirer du monde. Et effectivement, il y a déjà une petite vingtaine de personnes quand j'arrive devant la salle 400. Le lieu d'ailleurs s'est un peu peuplé depuis hier... L'attente de l'ouverture des portes se fait dans la bonne humeur, tout le monde s'adresse la parole, échange des impressions, des conseils...
Entrée dans la salle de spectacle. Sobriété : deux micros, deux tabourets, deux pupitres et une guitare sèche. Entrée tout aussi sobre de Philippe Djian (jean et tee-shirt noir) et de Stéphane Eicher (jean et chemise blanche). Qu'est-ce que je suis émue de voir en chair et en os celui qui fut l'idôle littéraire de mes années 80 (et qui m'a ouvert la porte vers la littérature américaine) ! L'écrivain est visiblement moins habitué au spectacle et au public que le musicien, il a l'air moins à son aise. C'est pourtant lui qui prend la parole en premier : "Ce que nous allons faire ce soir, ce n'est pas de la littérature, et ce n'est pas non plus de la musique. C'est un truc bizarre, en fait..." Clin d'oeil de Stéphane Eicher : "Le bizarre, j'adore ça !" Et voilà : Djian lit des textes de chansons et Eicher lui répond en chantant ou à la guitare. Il y a des chansons anciennes, des inédites, des futures, des encore à travailler, des qui ne verront peut-être jamais le jour. Peu à peu, les deux artistes mettent au jour leur façon de travailler. Un dialogue s'installe, des blagues s'échangent, Djian se détend, fait des confidences ("maintenant, quand j'écris un roman, je suis beaucoup plus sensible à la musicalité des phrases") et nous offre les premières pages de son prochain roman. Ca commence comme un polar... "mais je ne sais pas comment ça va finir !" Et je découvre, à travers ces textes de chansons, lus comme ça a capellla, à quel point Djian est un poète et combien chacun de ses textes dessine une petite histoire souvent mélancolique. Ce fut un grand moment de complicité de deux artistes entre eux et avec le public. Il y eut de la littérature et de la musique, mais aussi de l'humour et de l'émotion.

Dans le même salle, juste après, j'assiste à une Lecture de In Memoriam de Stéphane Audéguy par Thomas Fersen. Thomas Fersen, allure dégingandée, chemise à carreaux et chapeau vert, entre et s'installe dans le plus grande décontraction, et crée tout de site un lien avec le public. Il nous lit de très courts textes sur la mort de personnages célèbres (ou pas). Il y en a pour tous les goûts : du sordide, du tragique, du burlesque, du pathétique, des poètes, des chefs indiens, des assassins ou des assassinés, et même un chien (je dis ça pour Cathulu !). Thomas Fersen a une voix très agréable, qui n'est pas du tout la même que lorsqu'il chante, et un humour pince-sans-rire très réjouissant qui offrait un écho tout particulier aux textes de Stéphane Audéguy, eux-mêmes non dénués de comique, histoire de montrer que la mort n'est sinistre que par l'image que l'on s'en fait. Pour finir, puisque tout se termine toujours par une chanson, Thomas Fersen chante l'une de ses nouvelles chansons (histoire d'un mort assassiné, bien évidemment) en s'accompagnant d'un minuscule yukulélé. J'ai eu l'impression de recevoir un cadeau et j'ai beaucoup aimé sa générosité. Encore un très bon moment.

Et un petit tour du quartier avant de rentrer...



(à suivre...)

Publié dans Ma vie de lectrice

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E
Ah que ne suis sur Paris plus souvent! Un régal de partager ces émotions Un grand merci.......
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P
<br /> J'attends l'édition 2010 avec impatience <br /> <br /> <br />
K
Belle affiche : moi aussi j'étais fan de Philippe Djian...
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P
<br /> Ce doit être générationnel !  <br /> <br /> <br />
A
Ohlala, pourquoi je n'habite pas Paris...
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P
<br /> Beaucoup d'inconvénients à Paris mais quelques avantages <br /> <br /> <br />
C
C'est à cause de choses comme ça que je déteste travailler!
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P
<br /> Il y a encore plein de trucs sympas aujourd'hui et demain.<br /> <br /> <br />
A
Quelle affiche ! Vous êtes gâtées les parisiennes
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P
<br /> Très gâtées, je le reconnais !<br /> <br /> <br />
C
Ah, magnifique, tu racontes tellement bien, on y est avec toi, merci :-D
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P
<br /> Merci Cuné ! C'était un peu le but : vous faire partager l'évènement.<br /> (et pour ceux qui écoutaient France Inter ce matin on a pu entendre un extrait de la rencontre Djian-Eicher)<br /> <br /> <br />