Le syndrome d'Ulysse - Santiago Gamboa
Esteban est venu à Paris pour étudier la littérature. Il vit dans une petite chambre de bonne, crève de faim et ses études l’ennuient. Heureusement Esteban fait beaucoup de rencontres, pour la plupart des immigrés comme lui, venus à Paris pour fuir la pauvreté ou la dictature. Tous mènent une vie de galère et trouvent leur seule consolation dans une vie sexuelle débridée.
C’est bien d’immigration dont il est question dans ce roman. La vie de bohême que mènent Esteban et ses amis n’a rien de romantique : c’est la misère noire, le manque d’argent, la solitude, la peur de se faire arrêter par la police. Tous ceux que croise Esteban, coréens, sénégalais, roumains, marocains, latino-américains, ont rêvé de la France comme d’une terre promise et découvrent la réalité cruelle d’un pays qui ne veut pas d’eux. Gamboa nous montre un Paris qui est bien loin de la carte postale touristique que l’on connaît : le Paris des chambres de bonnes, des ruelles glauques, des restaurants crasseux, une ville battue par les vents et noyée sous la pluie.
Mais il y a quand même beaucoup d’espoir dans cette histoire. Une immense solidarité unit tous ces damnés de la terre. Santiago Gamboa a une grande tendresse pour ses personnages et beaucoup d’humour, pour que même les situations les plus tragiques n’apparaissent jamais comme complètement désespérées. Son roman, au style très fluide, se dévore comme une sarabande érotique et littéraire car le lecteur s’attache à Esteban et le suit dans toutes ses errances dans cette ville inhumaine où les gens sont susceptibles de disparaître du jour au lendemain.
Merci à Cuné pour cette découverte !
Traduit de l’espagnol (Colombie) par Claude Bleton. – Métailié, 2007. – 359 p.