Le musée de l'homme : le fabuleux déclin de l'empire masculin - David Abiker
Je suis sûre que vous connaissez tous David Abiker, chroniqueur de feue mon émission favorite, Arrêt sur images, que l’on peut encore lire et entendre ici ou là. Et si je ne suis pas toujours d’accord avec ses points de vue, j’aime bien son humour. C’est ce qui m’a donné envie de lire ce livre dont le propos est de nous expliquer que la femme a désormais pris le pouvoir, dans la sphère privée, en tout cas.
Le narrateur est un jeune père de famille qui s’interroge sur sa place au sein de sa famille, dont il nous narre les épisodes les plus marquants. Il sera donc successivement question de la grossesse (de Madame) et du don de sperme (de Monsieur), de l’ami gay (de Madame) et des fantasmes machos (de Monsieur), de la chirurgie esthétique (pour Madame) et des soins esthétiques (pour Monsieur), de l’augmentation de salaire (de Madame) et du 4x4 (de Monsieur), des dîners entre copines (pour Madame) et des réunions de consommateurs (pour Monsieur).
Le but de cet essai très drôle et écrit sur le mode de la dérision est, bien évidemment, de tenter de démonter que le femmes sont reines chez elles. Haha ! Laissez moi rire ! Car ce pamphlet est aussi bourré de mauvaise foi. Personnellement je n’ai encore jamais vu un homme (vivant en couple) étendre le linge familial ou préparer le dîner pendant que madame bavarde avec ses copines. Si l’une de vous a ce genre de spécimen en rayon, merci de me le faire savoir, je ne manquerai pas d’en faire une photo à ajouter à la rubrique des curiosités de la nature… Car si David Abiker énonce quelques (rares) vérités, son texte est aussi plein de clichés et bourré de mauvaise foi. Et si je lis entre les lignes, j'en déduis que son héros est, au choix :
- très amoureux de son épouse dont il reconnaît qu’elle a mille qualités de plus que lui,
- marié avec une mégère qui le tient bien fermement en laisse,
- un de ces types très lâches qui trouve tous les prétextes pour laisser leur femme gérer leur ménage, tout en se plaignant (faiblement) de ne plus être maître chez eux.
Quoi qu’il en soit, même si j’ai lu ce texte avec un grand sourire ironique, j’y ai quand même pris beaucoup de plaisir, pas seulement pour l’humour de l’auteur, mais parce que j’adore m’entendre dire que si les hommes nous laissent toutes les tâches ménagères ce n’est pas par paresse ou par manque d’intérêt, mais simplement parce qu’il reconnaissent notre haute supériorité dans ce domaine !!! Quel séducteur quand même, ce David Abiker !
Morceaux choisis :
« Il y a un débat domestique sur l’orientation des couverts dans le lave-vaisselle. Pointe en haut, c’est dangereux si un bébé s’approche, il peut se crever l’œil, mais ça lave mieux. Pointe en bas, c’est plus sûr, mais ça lave moins bien. Bébé borgne ou vaisselle propre ? C’est une vraie question. »
« Et puis il y a eu ces schémas ravageurs dans les livres de sciences naturelles des années 70 ! On y vit d’un côté le peloton des spermatozoïdes, indifférenciés, tous égaux, noyés dans la masse de leur médiocrité, genre le métro aux heures de pointe. Et puis de l’autre côté il y a l’ovule, cette huitième merveille du monde, cette perle rare dessinée par Gucci et sans laquelle rien n’est possible… »
Lui survivre, après soixante-quinze ans, ce serait atroce.
Je ne tiendrais pas deux jours.
Qui me maintiendrait en vie ? Me protègerait ?
Je perdrais mon dentier. L’été, des travailleurs sociaux m’obligeraient à boire de l’eau minérale.
Vivre sans tabac oui, sans elle non. »
Folio, 2007. – 235 p.