Nos plus beaux souvenirs - Stewart O'Nan
Emily, soixante-dix ans, vient de perdre son mari et a décidé de vendre la maison de vacances de la famille, à Chatauqua au bord du lac Erié. Toute la famille se retrouve donc pour une dernière semaine de vacances, histoire de dire adieu à la maison et de récupérer quelques objets en souvenir. Il y a là les deux enfants d'Emily, la belle-fille, les quatre petits-enfants, ainsi qu'une tante célibataire, tout ce petit monde s'entassant dans une bicoque minuscule. Pendant toute la semaine, chacun va faire un petit bilan de sa vie, se penchant sur les souvenirs heureux du passé, imaginant un futur plus ou moins problématique. Ken et Meg, les deux enfants quadragénaires d'Emily, sont tous deux à un tournant de leur vie. Après une jeunesse un peu chaotique et une cure de désintoxication, Meg est en plein divorce et s'inquiète pour l'avanir. Quant à Ken, il a quitté son boulot pour reprendre des études de photographie, persuadé que sa passion peut devenir un vrai talent, au grand dam de sa femme, très jalouse de cette passion dont elle est exclue.
Plus qu'un roman sur le deuil, Nos plus beaux souvenirs est un roman sur la famille, dans la section "Famille, je vous hais". On découvre très vite que les relations sont compliquées dans cette famille (comme dans toutes les familles ?) et que la communication n'y est pas facile. Meg et Ken ont tous les deux très peur du jugement de leur mère sur leurs vies respectives, Emily a en effet un avis tranché sur tout et aime bien l'exprimer à haute voix. Quant à la belle-fille, elle ne supporte pas sa belle-mère, dont chaque parole lui semble une critique à son égard. Elle ne se sent pas tout à fait chez elle dans cette maison, ni dans cette famille qui n'est pas la sienne.
Le coup de génie de l'auteur est de nous montrer le point de vue de tous les personnages à tour de rôle, ce qui permet de mettre en lumière les attentes des uns, les frustrations des autres, les malentendus et les non-dits. Malheureusement , personne n'est vraiment sympathique dans cette famille et l'auteur nous noie dans tous les détais de la vie quotidienne : les repas, le lave-vaisselle, la salle de bains, les toilettes ! (Est-il vraiment indispensable de nous signaler toutes les pauses pipi ?), ce qui dilue complètement son propos, à savoir que tout le monde à du mal à se supporter dans cette famille, et que pourtant tout le monde regrette la vente de la maison, à laquelle ils sont tous très attachés, et qui concentre maints souvenirs heureux. Avec cette maison, c'est un peu de leur vie à tous qui s'en va. Mais j'ai été ravie que leur semaine de vacances se termine et ce gros bouquin avec.
(et quand je lis sur la couverture que l'on compare Stewart O'Nan avec Paul Auster ou Philip Roth, je ricane)
Traduit de l'américain par Jean-François Ménard.
Points, 2006. - 666 p.