Le complexe d'Eden Bellwether - Benjamin Wood
Rentrée littéraire 2014
"Pour ceux qui ont la foi, aucune explication n'est nécessaire. Pour ceux qui ne l'ont pas, aucune explication n'est possible."
Oscar est aide-soignant dans une maison de retraite de Cambridge. Un soir où il sort du travail, il est irrésistiblement attiré par une musique d'orgue. Presque malgré lui, il entre dans la chapelle de King's college. Il y rencontre Iris Bellwether et son frère Eden, organiste de l'église. Le frère et la soeur sont étudiants et issus d'une famille très bourgeoise. D'abord mal à l'aise, car issu d'un milieu totalement différent et ne faisant pas partie du petit monde universitaire de Cambridge, Oscar intégre peu à peu la petite bande des Bellwether, poussé par son attirance pour la belle Iris. Eden Bellwether est un jeune musicien aussi talentueux qu'arrogant, qui professe un amour inconditionnel pour la musique baroque et des théories assez surprenantes sur le pouvoir hypnotique de la musique. Un soir, il propose à Oscar de participer à une expérience musicale, expérience qui va se révéler très troublante. Le lendemain, Iris confie à Oscar qu'elle s'inquiète pour la santé mentale de son frère. Eden Bellwether est-il un génie ou un grand malade ? Pour en savoir plus, Oscar entre en contact avec un célèbre psychologue américain.
Ce roman est un campus novel en version britannique, qui fonctionne très bien et nous balade des colleges de Cambridge à la luxueuse résidence des Bellwether. D'un côté un groupe d'étudiants surdoués et snobs, de l'autre un vieux professeur de psychologie qui a consacré toute sa carrière à l'étude de la personnalité narcissique et lutte contre un cancer. Au milieu le flamboyant et charismatique Eden Bellwether, deus ex machina d'une manipulation collective assez remarquable. C'est parfaitement construit, riche en surprises et en rebondissements, en forme de combat haletant et tactique entre le rationalisme et le mysticisme, entre le génie et la folie, entre l'amour d'un frère et celui d'un amoureux. Mais dans le dernier tiers, le roman s'essouffle comme si l'auteur ne savait pas comment finir son histoire ni définir la vraie nature de son héros. La fin assez convenue survient de façon brutale et ne m'a pas parue conforme à la personnalité complexe d'Eden Bellwether. Reste le beau personnage d'Oscar, bienveillant et altruiste, qui signe la victoire du pragmatisme sur l'irrationnel.
Le billet d'Yv
Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Renaud Morin.
Zulma, 2014. - 496 p.