La vie rêvée d'Ernesto G. - Jean-Michel Guenassia
Joseph Kaplan naît à Prague en 1910. A l'âge de dix ans, il découvre avec sa mère le plaisir de la danse et, en particulier, du tango. Mais, en digne successeur d'une longue lignée de médecins, il choisit de faire des études de médecine. Ses opinions politiques socialistes lui valent des ennuis avec les autorités, et son père décide de l'envoyer finir ses études à Paris. Joseph, qui sait déjà qu'il veut consacrer sa carrière à la recherche, découvre la vie de bohême dans le Paris des années trente et du Front Populaire. Il passe ses nuits à danser le tango et séduire des filles qu'il oublie très vite, et ses journées à travailler d'arrache-pieds pour obtenir son diplôme. A peine obtenu, on lui propose un poste de chercheur à l'Institut Pasteur d'Alger. Joseph débarque en Algérie alors que le bruit des bottes commence à résonner en Europe.
Comme dans son précédent roman, Jean-Michel Guenassia renoue avec la tradition du roman populaire, et entraîne son lecteur à travers les méandres historiques du XXe siècle, depuis la fin de la guerre de 14 jusqu'à l'effondrement du régime communiste, et de Paris à Prague en passant par Alger. Le thème n'est pas nouveau, mais Guenassia l'aborde de façon plutôt originale. Mon seul reproche envers ce gros roman qui se lit d'une traite, est le manque de consistance de ses personnages. A chaque nouveau chapitre de sa vie, Joseph semble oublier totalement le chapitre précédent : nouveau lieu, nouveaux amis, nouvelle fonction. Le seul trait qui caractérise vraiment Joseph, est son amour immodéré, inconditionnel et inaltérable pour les chansons de Carlos Gardel, une passion qui sera à l'origine de son amitié pour un célèbre révolutionnaire, pour lequel Guenassia imagine une aventure des plus plausibles.
Le roman du XXe siècle, sur lequel plane l'ombre de Camus, Kafka, Kundera et même Modiano, se lit comme un roman d'aventures.
Albin Michel, 2012 .- 544 p.