La double vie d'Anna Song - Minh Tran Huy
Rentrée littéraire 2009
« La vie, c’est passer son temps à se préparer pour quelque chose qui n’arrive jamais. » (Yeats)
Pianiste surdouée, Anna Song est contrainte par une lourde maladie à vivre recluse dans son manoir normand. Privée de scène, elle entreprend, sous la férule de son producteur de mari, Paul Desroches, d’enregistrer dans son studio privé la quasi intégralité du répertoire classique pour piano solo : Liszt, Chopin, Beethoven, Ravel, Rachmaninov, et bien d’autres... A sa mort à l’âge de quarante-neuf ans, son mari dévoile les enregistrements au public. Les critiques sont dithyrambiques et crient au génie. Enfin reconnue par le grand public, Anna devient un mythe. Pas pour longtemps. Un critique plus attentif que les autres dénonce une mystification et un plagiat…
L’histoire est racontée tour à tour par des coupures de journaux qui livrent la face publique d’Anna et le récit de son mari qui en dévoile la face privée. Anna et Paul se sont rencontrés à l’âge de huit ans et sont très vite devenus inséparables. Leur amitié s’est construite autour du piano et de la musique. Mais ce qui les rapproche vraiment, c’est d’avoir grandi sur une absence. Paul a perdu ses parents très jeune et a été élevé par sa grand-mère. Anna est la fille d’émigrés vietnamiens et elle a grandi dans le culte d’un pays perdu. L’ambition d’Anna va devenir celle de Paul… pour le meilleur et pour le pire.
A partir d’une histoire vraie, celle de la pianiste Joyce Hatto, Minh Tran Huy nous raconte une magnifique histoire d’amour et de destin brisé où elle reprend les thèmes qu’elle abordait déjà dans son premier roman : la quête identitaire des exilés, le regret du Vietnam, l’amitié, le mensonge. La construction m’a paru remarquable, nous réservant une série de rebondissements jusqu’au coup de théâtre final. Une jolie surprise.
D'autres avis : Pages à pages - Laurent
Actes Sud, 2009. – 188 p.