Le dieu des cauchemars - Paula Fox
Paula Fox a eu le même destin littéraire que Nina Berberova : elle a beaucoup écrit pendant sa jeunesse, mais n’a connu la consécration que dans sa vieillesse. Ça me touche toujours beaucoup ce genre d’histoires. Et je trouve qu’il y a une certaine parenté dans l’écriture de ces deux écrivaines. En tout cas, c’est à Berberova que j’ai pensé en lisant Paula Fox, et à ses jeunes héroïnes innocentes. Car c’est de cela qu’il s’agit dans ce roman : de l’innocence.
A la mort de son père, Helen, originaire du Nord des Etats-Unis, quitte pour la première fois le foyer familial pour rejoindre sa tante, à La Nouvelle Orléans, la ville la plus sensuelle d’Amérique. Elle découvre que sa tante, une ancienne actrice, est une femme prématurément vieillie par l’alcoolisme et une vie de débauche. Mais Helen se fait des amis, un groupe d’intellectuels, artistes et marginaux. Elle découvre l’amitié, l’amour, mais aussi la ségrégation raciale et l’homophobie, alors que la guerre ravage l’Europe.
Paula Fox a un style tout en délicatesse, une vision du monde empreinte de tolérance et de curiosité. Helen découvre le monde, dans sa version moite et torride, en ayant constamment présent à l’esprit le conseil donné par son père : « Essaye d'aller vers ce qui est nouveau avec autant d'innocence que tu le peux. » Elle se heurte sans cesse à la complexité du monde et des rapports humains et se comporte comme un enfant qui apprend à lire. Bien plus tard, elle découvrira qu’elle a été trop innocente et que toute sa vie a été construite sur un mensonge.
Une bien belle découverte pour moi que cette auteure américaine dont je vais continuer à explorer l’œuvre.
Traduit de l’américain par Maris-Hélène Dumas.
Joelle Losfeld, 2006. – 248 p.