L'attente du soir - Tatiana Arfel
L’attente du soir, c’est celle qu’a connu dans son enfance Giacomo, le gamin du cirque : ce moment magique où le rideau se lève, les lumières s’allument et le spectacle commence. Mais pour les personnages de cette histoire, il va être long à survenir, le spectacle de la vraie vie.
Ils sont trois, trois êtres solitaires, exclus, en manque d’amour, restés à l’orée de leur vie.
Giacomo, d’abord, le directeur de cirque. Fils d’un clown dresseur de caniches et d’une acrobate, son enfance a été illuminée par la vie du cirque. Jusqu’au jour où sa mère s’envole pour s’écraser sur le sable de la piste. Son père ne s’en remettra jamais, Giacomo non plus. Mais il doit prendre la relève. Il devient clown et dresseur de chiens à son tour et emmène le cirque sur les routes de France. Sa vie est toute entière consacrée à la vie sous le chapiteau, à tel point qu’il n’en sort jamais et ne sait rien de la vie réelle.
Il y a ensuite la femme grise qui a grandi sans amour, sans tendresse et sans émotion. Elle et devenue transparente pour tous et si elle se retrouve enceinte, c’est seulement parce que dans une soirée trop arrosée un garçon s’est trompé de partenaire. Avec cet enfant qui grandit dans son ventre, elle découvre enfin l’émotion mais pour peu de temps…
Il y enfin le môme, un enfant abandonné sur un terrain vague qui a appris à se débrouiller tout seul. Il perd très vite son premier ami : un petit chien. Il grandit son langage mais fait une découverte merveilleuse : il peut exprimer ce qu’il ressent en étalant des tâches de couleurs sur une feuille de papier.
Ces trois personnages nous touchent parce qu’ils nous parlent tous de l’une de nos peurs : Giacomo qui voit venir la vieillesse, la femme grise qui crève de solitude et le môme enfermé dans son monde. Et Tatiana Arfel a réussi à leur donner une voix à chacun, et j’ai été tour à tour ce clown triste, cette femme sans joie et cet enfant qui ne sait rien du monde. Ces trois êtres sont les pièces d’un puzzle éparpillé. Ils vont se rejoindre pour former une famille. Mais que c’est long ! Si j’ai un reproche à faire à ce roman si sensible et si humain, tout empli de couleurs, de parfums et de magie, c’est cette troisième partie qui n’en finit plus et où chaque scène nous est contée deux ou trois fois par chacun des protagonistes. Quel dommage, parce que c'est vraiment un merveilleux (premier) roman !
Cathulu l'a trouvé long aussi, Dominique a aimé, et pour Anne et Michel, c'est un vrai coup de coeur.
José Corti, 2008. – 325 p.