Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary - Philippe Doumenc
Tout le monde connaît la fin tragique d’Emma Bovary, l’héroïne mythique de Gustave Flaubert : harcelée par les créanciers, déçue par ses amants, la jeune femme se suicide en avalant de l’arsenic. Mais nous a-t-on tout dit sur cette mort ?
La vérité c’est que Charles Bovary trouvant sa femme agonisante, affolé, convoque à son chevet deux sommités médicales. L’un d’eux découvre des traces de coups sur le corps de la patiente, l’autre recueille ses dernières paroles : « Assassinée, pas suicidée. » Il n’en faut pas plus pour ordonner une autopsie et ouvrir une enquête. C’est ainsi que débarque à Yonville-l’Abbaye le jeune inspecteur Rémi chargé d’enquêter sur une mort devenue suspecte.
L’idée de départ de ce roman m’a parue tout à fait séduisante et au début ça fonctionne très bien, d’autant que Philippe Doumenc a su adopter un style très XIXe tout à fait plaisant et que le point de vue du jeune inspecteur nous plonge directement dans cette vie provinciale étriquée. Et nous connaissons les suspects par cœur, bien sûr : Charles Bovary, le mari terne et ennuyeux ; Homais le pharmacien, aussi bête que prétentieux ; Lheureux l’usurier, cupide et concupiscent ; Rodolphe Boulanger, le séducteur cynique ; Léon Dupuis l’amant inconsistant. Malheureusement, très vite l’enquête piétine : cette petite ville de province n’a pas tant de secrets à cacher. L’enquêteur d’ennuie. Et le lecteur aussi. L’auteur s’en sort finalement par une pirouette un peu tirée par les cheveux…
Ce roman se voulait une récriture du chef d’œuvre de Flaubert, mais le projet était sans doute trop ambitieux et c’est un peu raté.
Clochette a aimé, Marie aussi, mais Ys a été déçue.
Actes Sud, 2007. – 187 p.