Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur - Harper Lee
Voici un roman incontournable, à ne manquer sous aucun prétexte. Parce qu’il fait du bien au cœur, à l’esprit et à l’âme, ce qui n’est pas si fréquent.
De quoi s’agit-il ? D’une histoire qui se déroule dans une petite ville de l’Alabama. Atticus Finch y élève seul ses deux enfants, Jem et Scout, respectivement âgés de dix et sept ans. C’est Scout qui raconte l’histoire, d’une voix pleine de fraîcheur et de naïveté. Scout est une petite fille malicieuse et déterminée, un vrai garçon manqué, qui s’oblige au courage pour suivre son grand frère dans ses aventures. Dans la première partie du roman, on pense vraiment à Mark Twain et à son Tom Sawyer. Il est question de grandes vacances et d’une première rentrée d’école, des fleurs de la voisine et d’un nouvel ami, d’une maison étrange au coin de la rue et d’une vieille femme méchante. Les enfants découvrent le monde, leur monde, qui s’étend sur trois pâtés de maison.
Mais nous sommes dans les années trente : c’est la Grande Crise, les dollars sont rares et la vie difficile, c’est aussi l’époque de la ségrégation raciale. Sous les propos de Scout, affleure une réalité plus sombre. Puis dans la deuxième partie du roman, le ton devient soudain plus grave. Atticus, qui est avocat, a été commis d’office pour défendre Tom Robinson, accusé de viol. Atticus essaie, bien évidemment de préserver ses enfants de cette histoire. Peine perdue : toute la ville ne parle que de ça et toute la ville a déjà jugé. Tom est noir, la victime est blanche : Tom est forcément coupable. Mais Atticus est un avocat intègre et courageux : il va s’efforcer d’offrir à Tom la meilleure défense.
« Avant de vivre en paix avec les autres, je dois vivre en paix avec moi-même. La seule chose qui ne doive pas céder à la loi de la majorité est la conscience de l’individu. »
J’ai dévoré ces quatre cents pages d’une traite, tellement je me suis sentie immergée dans cette famille atypique et attachante, où domine la figure d’un père qui est un vrai humaniste, qui élève ses enfants certes comme deux petits sauvageons (c’est tante Alexandra qui le dit…), mais en leur montrant sans cesse ce qui est juste, qu’il faut savoir dépasser l’illusion des apparences pour approcher de la réalité des gens. Et tous les personnages secondaires sont parfaitement construits et dessinent un tableau d’une grande cohérence.
Un seul regret : ce roman est le seul qu’ait jamais écrit Harper Lee.
Traduit le l’américain par Isabelle Stoïanov.
LGF, 2005. – 446 p.
Ils l’ont lu : Hervé, Cécile, Sylire, Maxi.