Octobre (et un peu de septembre, aussi) à Paris (et ailleurs)
Je reprends mes bonnes habitudes en rédigeant mon bilan culturel du mois, après une longue interruption estivale, parce que j'ai vu de très belles choses ces dernières semaines.
Côté expos :
- Niki de Saint-Phalle, au Grand-Palais : une exposition foisonnante et colorée qui nous rappelle que l'artiste ne fut pas que la créatrice des "nanas" (qui sont, du reste, si pétulantes et resplendissantes qu'elles donnent presque envie de prendre quinze kilos juste pour leur ressembler…) mais aussi une féministe, une femme engagée dans la démocratisation de la culture, une artiste expérimentale et autodidacte dont l'œuvre est variée, profuse, symboliste.
- Kokusaï, au Grand-Palais également : le plus célèbre des peintres d'estampes japonais, considéré comme l'inventeur du manga, auteur d'une œuvre immense et variée, qui nous transporte dans un autre monde, un autre temps, une autre culture, un univers de délicatesse, de précision, d'humour aussi. Sa série baptisée "36 vues du Mont Fuji" est une petire merveille.
- Nicolas de Staël, au MuMa du Havre : un peintre qui est en passe de devenir mon peintre favori tant la simplicité et la profondeur de ses toiles me touchent. L'exposition est concentrée sur les paysages de bords de mer et on y découvre que l'artiste avant de s'installer sur la Côte d'Azur, avait exploré les côtes normandes et picardes pour y capter leurs lumières si particulières. Donc, si quelques toiles très colorées sont exposées, la tonalité générale de l'exposition est le gris-bleu.
- Garry Winogrand, au musée du Jeu de Paume : ce photographe américain mort en 1984 avait une prédilection pour la photo de rue. Des années 50 aux années 70, il fut le peintre de l'Amérique, ne cherchant ni l'esthétique, ni le dramatique, mais le quotidien, l'humain, l'instant. J'ai particulièrement été touchée par la première partie de l'expo entièrement consacrée aux photos des gens de New-York.
Côté ciné :
- Still the water, de Naomi Kawase, qui illustre le cycle de la vie et de la mort, à travers deux adolescents sensibles et amoureux. Elle, est au chevet de sa mère qui va mourir. Cette mère, chamane, sait que la mort n'est pas une fin mais un passage et elle essaye de faire accepter cette idée à sa fille. Lui, a du mal à accepter le divorce de ses parents et ce qu'il implique (la non éternité de l'amour) et peine à s'engager lui-même dans une relation amoureuse, jusqu'à ce qu'il comprenne que l'amour aussi est un cycle. Tout le film est marqué par la présence rassurante ou inquiétante de la nature, personnage à part entière de l'histoire qui remet l'humain à sa juste place.
- Mommy, de Xavier Dolan, un film sur lequel il semble que tout ait déjà été dit, histoire d'amour passionnelle entre une mère extravertie et son fils hyperactif, que va venir tempérer une voisine bègue. Un film d'une grande violence verbale, et pourtant d'une grande tendresse, qui vous fait passer par toute une gamme d'émotions, en alternant les moments de grâce, de drolerie, de violence, de doute, d'effroi. A voir, même s'il laisse le spectateur nerveusement épuisé.
- Magic in the Moonlight, de Woody Allen, avec Colin Firth, dans le rôle d'un magicien qui ne croit pas au surnaturel et va être invité dans le Sud de la France pour démasquer une soi-disant médium. On y retrouve certains des motifs favoris de Woody Allen: les années vingt, le jazz, un doigt de psychanalyse et un peu de magie. Ce n'est pas le film du siècle, mais une charmante romance.
Côté théâtre :
- Le moral des ménages, adaptation du roman éponyme d'Eric Reinhardt : à travers trois générations d'une même famille, l'auteur y dresse une critique cocasse et cruelle de la classe moyenne, son goût pour l'argent, son obsession de normalité et son incapacité à rêver. Un texte bref mais cinglant qui démarre un peu comme un diesel pour exploser comme une fusée et où l'on retrouve quelques-unes des obsessions de l'auteur : humiliation, idéalisme, automne et Mallarmé. Décidément, j'aime beaucoup cet auteur, qui était particulièrement bien servi par une mise en scène enlevée et une interprétation parfaite.
Côté blog :
Les 3 billets les plus lus du mois sont :
- Un Pedigree de patrick Modiano (effet prix Nobel)
- L'amour et les forêts d'Eric Reinhardt,
- Price de Steve Tesich.
En résumé :
Mes trois moments forts du mois ont été Nicolas de Staël pour les yeux, Leonard Cohen pour les oreilles, et Eric Reinhardt pour la littérature parce que j'ai eu véritable coup de foudre littéraire pour cet auteur.
(à suivre)