Melancholia - Lars von Trier
Justine se marie. Pour l'occasion, sa soeur Claire organise une réception dans son luxueux manoir campagnard. La soirée est aussi fastueuse que traditionnelle ; n'y manquent ni les couverts en argent, ni les règlements de compte familiaux. Mais sous les sourires de circonstance, la belle Justine, talentueuse et admirée, est profondément dépressive. Elle ne va pas réussir à faire semblant bien longtemps et le mariage va tourner au fiasco, sous les yeux navrés et agacés de Claire, qui ne comprend pas pourquoi sa soeur ne parvient pas à être heureuse, comme elle : "Si j'y arrive, pourquoi pas toi ?"
Et pendant ce temps-là, la fin du monde approche, sous la forme d'une planète, Melancholia, qui fonce à grande vitesse vers la terre. Parviendra-t-elle à l'éviter ? Le mari de Claire, qui se pique d'astronomie, se prépare à passer la soirée de sa vie. Mais les deux soeurs vont avoir un comportement diamétralement opposé face à cet évènement. Plus la date fatidique approche, plus Claire est terrifiée, plus Justine est sereine et apaisée.
Sur le plan esthétique, ce film est absolument sublime. Il s'ouvre sur un prologue en forme de puzzle symboliste, qui en résume le contenu, porté par la musique tout aussi sublime de Richard Wagner. Ensuite, avec la scène du mariage, aussi grandiloquent que ritualisé, Lars von Trier, dénonce la comédie sociale, comédie à laquelle Justine est bien incapable de participer (il faut dire qu'elle a une mère qui a arrêté de faire semblant depuis bien longtemps). Puis, on va voir les rapports entre les deux soeurs subtilement s'inverser. Quand Justine est terrassée par sa propre Melancholia, interne et personnelle, Claire la prend par le bras pour la maintenir debout. Mais quand la planète Melancholia menace de détruire la terre et tout ce que Claire possède, c'est Justine qui, pour une fois, va lui tendre la main.
Qu'est-ce le bonheur, au fond ? La capacité à apprécier les choses futiles : une promenade à cheval, un sourire d'enfant, un panier de mûres. Mais le bonheur ne nous prépare pas à lutter contre l'adversité.
Un film magistral, dont la scène finale est à couper le souffle.
Film danois (2011) de Lars von Trier,
avec Charlotte Gainsbourg, Kirsten Dunst, John Hurt.
Genre : drame ; durée : 2h10.