Décembre à Paris

Publié le par Papillon

 

sacrecoeur.jpg

 

Ce qui me restera de ce mois de décembre, c'est qu'il a fait très beau, de façon quasi indécente. Le seul jour vraiment épouvantable était justement celui où je devais prendre l'avion pour aller passer Noël en famille. Mon vol fut donc annulé pour cause de tempête, me condamnant à un réveillon solitaire en compagnie de mon frigo vide. En fait j'exagère un peu, parce que mon frigo, même vide, contient toujours une boite de foie gras et une bouteille de champagne. La situation, quoique moins festive que prévue, ne fut donc pas totalement désespérée.

Et j'en ai profité pour aller au cinéma.

 

Résumé :

 

- The lunchbox, de Ritesh Batra, une délicieuse comédie romantique indienne, très loin d'Hollywood et de Bollywood, où l'on voit une jeune femme délaissée par son mari essayer de le reconquérir en lui préparant de savoureux déjeuners, expédiés au bureau dans une boite à lunch par les bons soins d'une société de livraison. Sauf que la lunchbox atterrit dans le bureau d'un veuf taciturne et solitaire. Se rendant compte de la méprsie, la jeune femme se lance dans une correspondance avec l'inconnu qui profite de ses talents culinaires. Cette histoire n'est ni rose ni sucrée, elle est même plûtot aigre-douce, il y est beaucouo question du sens de la vie. On y découvre une ville de Bombay surpeuplée, embouteillée, inhumaine où les gens crèvent de solitude. C'est bourré d'humour et de charme, surtout quand on voit le vieux bougon reprendre goût à la vie et s'ouvrir aux autres.

 

- Suzanne, de Katell Killévéré, l'histoire d'une jeune femme dont l'enfance a été marquée par l'absence de la mère, une absence d'autant plus visible que le père, pourtant très attentionnée, n'hésite pas à emmener ses filles pique-niquer sur la tombe de leur mère. C'est peut-être pour combler cette absence originelle que Suzanne tombe enceinte à seize ans. Pourtant, quelques années plus tard, elle abandonne tout (enfant, famille, boulot) par amour pour un jeune voyou à la belle gueule. Une histoire de passion qui finira mal. Il a manqué un je-ne-sais-quoi à ce film pour que je sois totalement emballée. C'est pourtant magnifiquement interprété, notamment par François Damiens qui incarne un très beau portrait de père.

 

- Tel père, tel fils, de Hirokazu Kore-Eda, dont j'avais déjà beaucoup aimé I wish. Deux familles aprennent que leurs petits garçons, maintenant âgés de six ans, ont été échangés à la naissance. Que faut-il faire ? Les échanger, à nouveau ? Les deux familles se rencontrent régulièrement pour que les enfants s'habituent à leur "vraie famille". El il apparaît que ces deux familles sont très différentes, l'une aisée avec un seul enfant, l'autre plus modeste avec trois enfants ; d'un côté, un père absent, distant et obsédé de réussite, de l'autre, un père affectueux et rieur qui adore jouer avec ses enfants. La vraie question du film est, bien sûr : qu'est-ce qui fait la paternité ? L'ADN ou l'amour ? La réponse va se faire jour doucement. Kore-Eda prend son temps pour nous montrer l'évolution du père le plus rigide. On le voit devenir un vrai père, et c'est ce qui rend ce film magnifique et émouvant, comme est émouvante la réaction de ces deux gamins qui ne comprennent pas très bien ce qui leur arrive. 

 

- A Touch of sin, de Jian Zhang Ke, nous montre en quatre portraits ce que la Chine est devenue (et ça fait peur !). Un mineur excédé de voir le chef de son village devenu riche pour avoir vendu la mine du village à une société privée. Une jeune hotesse de salon de massage agressé par un type qui croit qu'il peut tout acheter avec son argent. Un jeune homme naïf qui tombe amoureux d'une prostituée. Un travailleur migrant qui passe de ville en ville. Des villes inhumaines, des usines gigantesques, de la corruption, de la pauvreté, le pouvoir de l'argent et de la volence à tous les étages. C'est l'excès de violence qui m'empêche d'aimer totalement ce film, même quand on sent bien que la violence est le dernier recours, ce qui est le cas dans deux des quatre histoires. On se dit, en sortant de ce film, que la Chine va finir par exploser.

 

- Le Loup de Wall street, de Martin Scorcese, mon coup de coeur du mois. Le récit, en trois heures qui passent comme un éclair, de l'ascencion foudroyante et de la chute brutale d'un trader de New York, complètement pourri et immoral. C'est filmé à cent à l'heure, avec une bande son survitaminée et des dialogues à faire rougir un corps de garde. C'est bourré d'humour et de causticité et ça montre, une fois de plus, que l'excès d'argent est une drogue dure qui rend complètement fou : ivre de pouvoir, de sexe et de drogues. Un grand Scorcese, hallucinant et déjanté, avec un Leonardo di Caprio impeccable, comme toujours.

 

L'air de rien, en une semaine, j'ai fait le tour du monde !

 

 

(à suivre...)

 

 

 


Publié dans Inventaires

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
<br /> j'ai beaucoup aimé "Lunch Box" <br />
Répondre
P
<br /> <br /> Chouette !<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Je te rejoins sur le réconfort que peut apporter un peu de foie gras ! Quant à the Lunchbox, j'ai bien envie de le voir.<br />
Répondre
P
<br /> <br /> C'est un fil très chouette, que je conseille vivement !<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Ton frigo est prévoyant ! :) J'avais envie de voir Suzanne mais un je ne sais quoi me retenait...Tu confirmes !<br />
Répondre
P
<br /> <br /> Je crois qu'il manque un peu de profondeur à ce film. on se demande ce que l'auteur veut démontrer et on ne trouve pas... (Bon, en même je l'ai vu le 24 et je n'étais pas très gaie !)<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> Tel père tel fils, cela me fait bien envie...<br />
Répondre
P
<br /> <br /> Très beau film.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Je n'ai vu aucun de ces films, c'est tout triste que tu te sois retrouvée seule pour Noël, mais dis-donc, la klasse ton frigo, le mien quand il est vide il est vide, il devrait en prendre de la<br /> graine ;)<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
P
<br /> <br /> Bah, Noël c'est très surfait, tu sais  . Le foie gras pour moi est un peu synonyme de "maison", alors j'en ai<br /> toujours en réserve pour les coups de blues !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Le beau temps n'est jamais indécent ! J'ai vu "the lunch box", j'ai aimé, tout en trouvant le contexte plus triste que ce qu'en dit la promo. Je vais aller voir "tel père, tel fils" et "le loup<br /> de Wall Street", j'hésite un peu, ce milieu me fait vomir <br />
Répondre
<br /> <br /> "Tel père, tel fils" : je suis sûre que tu vas aimer, c'est un film très sensible qui pose plein de questions profondes et les traite de façon très subtile...<br /> <br /> <br /> "Le loup de wall street" : en effet un milieu totalement pourri, avec des gens qui se vautrent dans les orgies sexuelles et l'absorption de drogues. Mais quelle mise en scène ! Ce que Scorcese<br /> sait faire avec une caméra me sidère. Quels jeux d'acteurs, aussi.<br /> <br /> <br /> <br />