Augustine - Alice Winocour
Paris, 1873. Augustine est servante dans une grande maison bourgeoise. Un soir, alors qu'elle fait le service lors d'un dîner de réception, elle est prise d'une crise nerveuse qui la jette par terre où elle convulse sous les yeux atterrés des invités. Le lendemain, ne pouvant plus ouvrir son oeil droit, elle est hospitalisée à la Salpétrière, hôpital pour femmes où officie le Docteur Charcot, grand spécialiste de l'hystérie.
Charcot comprend tout de suite qu'Augustine est un cas particulièrement intéressant. Elle va bientôt devenir sa patiente préférée et son sujet d'étude favori. Il va aussi l'utiliser. Pour convaincre ses collègues de la réalité de cette maladie très controversée et obtenir des crédits de recherche, Charcot n'hésite pas à exhiber sa jeune patiente lors de séances très mises en scène où, sous l'effet de l'hypnose, il provoque une crise.
Plus que le traitement de l'hystérie par Charcot, ce film montre très finement cette relation très particulière entre médecin et patiente (que Freud théorisera plus tard, sous le nom de transfert et contre-transfert). Car Augustine (merveilleuse Soko) va très vite tomber amoureuse de son médecin, dans lequele elle voit à la fois son sauveur et son bourreau. Quant à Charcot (énigmatique Vincent Lindon), lui-même marié à une beauté glaciale (Chiara Mastroianni), il n'est pas totalement insensible à sa sensuelle patiente dont tout le corps exprime la frustration sexuelle.
Ce film, d'une grande beauté formelle et parfaitement interprété, est à la fois très émouvant, parce qu'il nous montre une jeune femme prisonnière de sa maladie, et très dérangeant, comme c'est souvent le cas quand il est question d'hystèrie. Car j'ai trouvé déplaisante l'exhibition de cette femme malade sous les yeux de ces bourgeois cravattés, venus se rincer l'oeil à ces crises aussi spectaculaires qu'érotiques, qui n'étaient portant que l'expression exacerbée du désir de se libérer du carcan puritain du XIXe siècle.
Film français (2012) d'Alice Winocour,
avec Vincent Lindon, Soko, Chiara Mastroianni.
Durée : 1h42.