Tartes aux pommes et fin du monde - Guillaume Siaudeau
« Aimer et perdre. La vie était rythmée par ces deux mots : aimer et perdre. Aimer le plus longtemps possible, et puis un beau jour tout perdre. »
Voilà typiquement le genre de livre que je n'aurais sans doute jamais lu s'il n'avait été sur la liseuse que Cuné m'a prêtée. Je me serais méfiée de ce titre en forme d'oxymore. Voilà pourtant typiquement le genre de livre qui vous happe dès les premières lignes avec une anecdote tragi-comique. Et c'est un sacré exploit, je trouve, pour un premier roman, de vous harponner en trois phrases. C'est l'histoire d'un jeune homme un peu candide qui aurait pu avoir une enfance heureuse sans quelques aléas de la vie : un chien qui meurt, une mère qui part, un père un peu rêveur qui tombe dans la tristesse et la dépression. Mais le jeune homme avait décidé de tourner courageusement le dos à ces fêlures, en tentant de tracer bravement le sillon de sa propre vie : de petits boulots, un petit appart, et puis paf ! Le grand amour, celui qui vous illumine le corps et l'âme :
« Sauter dans son cœur, c’était comme prendre un taxi et rouler toute la nuit. »
Mais est-on encore apte au bonheur quand on a systématiquement nié toutes les blessures du passé ? Voici un livre mélancolique et beau, qui aborde avec une fausse légèreté et de façon très personnelle, les thèmes les plus graves : la perte, le deuil, la dépression et la solitude. Les épisodes douloureux du passé viennent hanter ce jeune homme qui peine à avancer. L'écriture poétique de Guillaume Siaudeau est magnifique et m'a infiniment touchée par sa justesse et sa profondeur.
« La vie, la vraie, faisait toujours en sorte de me faire hésiter jusqu’à lui sauter au cou et lui avouer que je l’aimais. »
Un roman qui pique les yeux, et un jeune auteur à suivre.
L'avis de Clara
Alma éditeur, 2013. - 132 p.