L'homme idéal (en mieux) - Angela Morelli
La dernière fois que j'ai lu un roman sentimental, c'était à l'occasion d'un challenge estival, qui avait rendu la blogosphère hystérique (je vous parle d'un temps où la blogosphère savait s'amuser, entre un swap Sexy men et un concours de PAL). Mon expérience à l'époque n'avait pas été des plus réussies et je ne l'aurais sans doute jamais retentée, si une célèbre blogueuse n'avait décidé de passer de l'autre côté de la page pour se métamorphoser en auteur de romances. Et comme j'aimais déjà beaucoup sa plume du temps où elle enflammait la blogosphère avec des histoires de chemises mouillées, des films bourrés de testostérone et une bizarre fixation sur la Moldavie, je n'ai pas pu résister à la tentation.
Depuis qu'elle est séparée du père de sa fille, Emilie, prof de français, partage un appartement avec son amie Clara, libraire. Un jour où elle aide son amie à la librairie, elle rencontre Samuel, père d'un ancien élève et veuf depuis deux ans. Il l'invite à boire un verre. Emilie succombera-t-elle au charme de ce bel homme, traducteur de son état, qui est à la fois gentil, intelligent et drôle, alors que son ex lui court après ?
Avec ce roman d'une réjouissante modernité, qui va dépoussiérer les célèbres éditions Harlequin, on peut oublier tout ce que l'on croyait savoir sur le roman sentimental. Les femmes y sont indépendantes, mais pas très douées pour les tâches ménagères, on s'y rencontre sur internet, et on y fait l'amour avec des préservatifs.
C'est drôle, bourré de références littéraires, les dialogues sont enlevés et spirituels. L'auteure respecte tous les codes du genre, tout en en évitant la plupart des clichés. Emilie et ses copines boivent comme des hussards en parlant de leurs amants, échangent des propos salaces sur Facebook et donnent des petits noms à leurs sex toys, ce qui ne les empêche pas de soupirer après le "bogosse" qui viendra les tirer de leur célibat.
Mais ce qui ajoute un plaisir particulier à la lecture c'est que l'auteure a mis beaucoup d'elle-même dans le personnage d'Emilie et c'est avec délectation que l'on retrouve quelques-unes de ses obsessions (et j'adore les auteurs qui ont des obsessions): cheveux qui frisent, piles de copies à corriger, passion assumée pour les cocktails et pour Charles Dickens.
Ajoutez à cela une bonne dose d'érotisme, un retournement inattendu, de savoureux jurons mythologiques, et vous obtenez un délicieux roman, pétillant comme une coupe de champagne.
Harlequin HQN, 2013 - 177 p.
Lu en format epub mais la version papier sortira le 28 janvier 2015.