Avril à Paris
"C'est comme ça. Il y a une civilisation qui s'effondre, celle du livre. La vraie conséquence, c'est le formatage du cerveau: c'est un organe dans lequel se trouve ce qu'on y met. Si on y met du vide, il y a du vide. "
Michel Onfray (source)
Qu’ai-je donc vu d’intéressant ce mois-ci ?
Côté ciné :
Je me suis régalée avec The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson (inspiré par Stefan Zweig, que rêver de mieux ?) qui raconte de façon baroque et burlesque l’histoire d’un grand hôtel des années trente, dans un pays d’Europe de l’est imaginaire, et surtout les tribulations de son concierge, homme efficace et séducteur, amoureux de toutes ses pensionnaires pour peu qu’elles soient riches, vieilles et blondes. J’adore l’univers coloré, poétique et déjanté de Wes Anderson.
Je fus moins enthousiasmée par Her de Spike Jonze, qui narre l’histoire d’amour improbable d’un homme dépressif et solitaire (qui exerce le métier dont je rêve) et de son… logiciel d’assistance bureautique, qui a non seulement la voix de Scarlett Johansson, mais une charmante personnalité. La première partie du film est assez prenante quand on voit Théodore tomber doucement amoureux d’une femme complètement désincarnée, ce qui soulève pas mal de questions sur la nature de l’amour et sur notre dépendance aux écrans animés. Mais dans la seconde partie, quand il est admis par tous que Theodore et Samantha sont « ensemble », je me suis passablement ennuyée.
Heureusement, j’ai eu une fort bonne surprise avec Dans la cour de Pierre Salvadori, la vie d’un immeuble parisien, dont tous les habitants semblent un peu fêlés, notamment Catherine Deneuve, absolument épatante en jeune retraitée en train de perdre complètement les pédales face à une fissure dans son mur. Un univers tendre où le comique répond sans cesse au dramatique.
Jeune fille en vert - Tamara de Lempicka
Côté expo :
Je me suis emballée pour Modernités plurielles au Centre Georges Pompidou, qui n’est pas vraiment une expo mais le nouvel accrochage de la collection d’art moderne (pas si nouveau que ça d’ailleurs, il date d’octobre dernier) qui présente donc un panorama de l’art moderne (1905-1970) tout à fait singulier puisque largement ouvert non seulement sur les cinq continents mais aussi sur d’autres pratiques artistiques que la peinture : sculpture, architecture, vidéo, photographie et même musique. On y retrouve donc des œuvres de courants artistiques archiconnus (futurisme, surréalisme, cubisme) mais on y découvre aussi bien d’autres univers : arts premiers, constructivisme, musicalisme, anthropophagisme, et on se balade du Japon au Brésil, et du Moyen-Orient à la Chine. C’est instructif, magnifique et passionnant.
Côté spectacle :
J’ai innové en allant applaudir une comédie musicale, un genre dont je ne suis pas vraiment friande, mais quelle comédie musicale ! Into the Woods de Stephen Sondheim revisite très brillamment l’univers des contes de fées. On y retrouve le Petit Chaperon Rouge, Cendrillon, Jack et son haricot magique, et même Raiponce, mais les fils narratifs sont tout embrouillés par la faute d’une vilaine sorcière qui a lancé un défi à un gentil boulanger qui désire désespérément un enfant. Mais à la fin, heureusement, tout est bien qui finit bien. Sauf que non, en fait, ce n’est pas la fin et un second acte nous propose une vision bien plus sombre, pour ne pas dire tragique, où l’on découvre qu’épouser le prince charmant ne mène pas forcément au bonheur, qu’élever un enfant n’est pas si facile et que, d’une manière générale, réaliser ses rêves les plus chers réserve bien des surprises. C’est drôle, piquant, vif et enlevé : un régal !
Côté lectures :
J’ai abandonné
- Juste avant le bonheur d'Agnès Ledig, une histoire qui commençait plutôt bien avec trois personnages un pau cabossés qui vont se remettre sur pied grâce à l'amitié, mais c'est conventionnel au possible, bourré de clichés et de bons sentiments.
- Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson, qui commençait plutôt bien aussi avec un retraité qui se fait la belle le jour de son centième anniversaire, mais qui s'est révélé trop loufoque pour moi.
- Grand maître de Jim Harrison, histoire d'un flic retraité, obsédé par le sexe et l'alcool, qui enquête sur le gourou d'une secte, sur laquelle je me suis très vite mise à bailler (décidément après John Irving, voici un deuxième chouchou qui me lâche…)
J’ai lu
- Dans le grand cercle du monde de Joseph Boyden, dont je parlerai très bientôt
- Bernadette a disparu de Maria Semple, un roman très chouette dont je parlerai peut-être
- Avant d’aller dormir, un thriller sympa et original sur la perte de mémoire, dont je ne parlerai pas.
(à suivre)