Alice Ferney - Grâce et dénuement
Alice Ferney m'avait causé une grande déception avec La conversation amoureuse, aussi ai-je abordé ce roman avec une légère suspicion, mais le sujet m'attirait beaucoup.
Une tribu de gitans s’installe sur un terrain vague, à la périphérie d’une ville. Il y a là la grand-mère, les cinq fils, les quatre belles-filles, et une bande d’enfants sauvages, qui ne fréquentent pas l’école. Car ces gens sont ignorés de tous, ils n’ont ni papiers, ni maison. Pour l’administration, ils n’existent pas ; pour le voisinage, ils représentent une vague menace. Pourtant, un jour, arrive Esther avec une pile de livres. Esther n’a pas de préjugés, elle est guidée par son amour de la littérature et son envie de partager avec ces gens qui ne savent ni lire in écrire. Et Esther commence à faire la lecture aux enfants, et revient chaque mercredi. Au début, ils la regardent avec méfiance et avec curiosité. Puis elle devient leur amie et leur confidente.
Une belle histoire, simple et émouvante. Un style épuré, des personnages attachants, un réalisme sans concession et sans voyeurisme. Et pourtant, c’est vraiment de dénuement dont il est question dans ce livre. Pas seulement le dénuement social ou culturel, mais le manque de tout : d’eau, de chaleur, de vêtements et parfois de nourriture. Mais le dénuement n’empêche pas la grâce, c'est-à-dire l’humanité, voilà ce que nous dit Alice Ferney.
Et j'aime bien cette idée que la littérature est un pont jeté entre les êtres ou entre les cultures.
Babel – 1997 – 289 pages