Mon étincelle - Ali Zamir
"Dans la vie il ne faut pas regarder derrière, au risque de tomber, si on veut bien avancer vers la lumière. Il faut juste se contenter de là où le pied doit se poser pour de nouveaux horizons : le passé meurt sous nos pas si l'on veut."
Douleur et Douceur s'aimaient d'amour tendre, et Étincelle, leur fille, nous raconte leur histoire, alors qu'elle se trouve dans un avion qui va d'une île des Comores à l'autre, ballottée sévèrement par une tempête, alors que son cœur balance entre deux amoureux, chacun sur une île, chacun vivant un livre à la main, chacun lui ayant fait une belle déclaration d'amour à laquelle elle ne sait pas trop quoi répondre. Alors pour oublier la tempête (la vraie et la métaphorique), elle raconte l'histoire de ses parents, mais aussi celle de leurs deux amis Dafalgan et Efferalgan, et de bien d'autres. Il n'est question que d'amour dans ces histoires où se croisent une multitude de personnages aux noms des plus saugrenus.
"Si tu ne sais pas ce que tu dois faire pour toi-même, la vie saura rapidement ce qu'elle fera de toi : elle t'écrasera, t'enfournera et te cuisinera dans sa marmite comme une pourriture de pomme de terre avant même que tu prennes conscience de son choix."
Certes, les histoires de ces hommes et de ces femmes, en proie aux tourments du désir et de la jalousie, ne sont pas hyper originales, mais le plaisir du récit réside surtout dans la langue extrêmement poétique qui s'y déploie, chatoyante et exotique, ainsi que dans ce qu'il dévoile de ce petit pays, les Comores, éclaté entre plusieurs îles, où sévissent pauvreté et corruption et où le sort des femmes n'est pas des plus joyeux : maris lâches et infidèles, patrons abuseurs, pères abusifs, mais toutes ces femmes luttent et ne s'en laissent pas conter. La langue d'Ali Zamir est si vivante et si imagée qu'elle nous restitue toute le vie africaine, odeurs, chaleur, saveurs, dans un conte mi-philosophique et mi-drolatique, qui nous rappelle, encore et toujours, que l'amour est à la fois tourment et félicité. Un petit bijou.
"Pour survivre, un peuple a très souvent plus besoin d'espoir que de richesse : c'est le minimum des choses."
Le Tripode, 2017. - 273 p.
Lu dans le cadre du challenge Lire le monde (Comores).