Literary Life - Posy Simmonds
"… et quand on pense qu'à n'importe quel moment on pourrait tous mourir de la variole… ou de l'anthrax, on en vient à se demander : "Pourquoi ? Pourquoi écrire ? Quelle occupation futile ! Un livre de plus ou de moins, quelle différence ?"... Puis on se dit : "Non, voyons… n'est-ce pas au contraire chose splendide - pouvoir s'asseoir devant son ordi à la face d'Armageddon ?" Et ceci, en un mot, est le thème de mon…"
Cet album rassemble des chroniques publiées par Posy Simmonds chaque semaine dans le supplément littéraire du Guardian, entre 2002 et 2005, et qui avaient toutes pour objet les coulisses de la vie littéraire.
Il nous présente donc une petite compilation des vicissitudes de la vie d'écrivain : panne d'écriture, trop d'admirateurs ou pas assez, rivalités entre écrivains dans les salons littéraires, côté et artificiel et fastidieux des séances de dédicace, doute existentiel de celui qui n'a vendu que 600 exemplaires de son bouquin,... Mais on y partage aussi les difficultés d'une petite librairie de quartier qui peine à survivre.
Il y aussi des personnages récurrents : l'agent littéraire chargé de retrouver un livre disparu ou de déglinguer la réputation d'un écrivain jalousé par un collègue. Mais ma préférence va au Dr Derek, chargé de soigner les petits (ou grands) bobos d'écrivains : de l'abus de clichés à la blessure narcissique, tour à tour psy, infirmier, obstétricien, voire sexologue. Il arrive même que le Dr Derek ait à traiter des lecteurs :
"Je pris Candace à part et la cuisinai en douceur sur son régime de lecture habituel… Comme je l'avais deviné, je découvris qu'il se composait entièrement de cochonneries (mode, cancans people, chick-lit de bas étage).
- Mais est-ce malsain, infirmière ?
- Pas dans le cadre d'un diète équilibrée, mais vous voyez, Candy… Ce genre de nourriture est hautement transformée, toutes les parties dures ont été extraites et c'est de la bouillie ! Du hachis de paragraphes à la petite cuillère… ça glisse sans effort… votre système n'a absolument plus besoin de travailler… et devient de plus en plus paresseux… voilà pourquoi vous ne pouvez digérer quelque chose d'aussi charnu que Les Misérables."
Tout ça est très joliment croqué, drôle, mordant, tendre aussi. C'est un peu inégal, comme toujours dans ce genre d'exercice, mais l'ensemble est plutôt réussi, et donne une vision sans concession de la vie littéraire qui réjouiera tous les amoureux des livres.
L'irrégulière a aimé aussi.
Traduction de l'anglais par Corinne Julve et Lili Sztajn.
Denoël Graphic, 2013. - 104 p.