Solaire - Ian McEwan
Dans sa jeunesse, Michael Beard fut un brillant chercheur, auteur d’une découverte suffisamment importante pour lui valoir un Prix Nobel de physique à quarante ans. Depuis, il s’est endormi sur ses lauriers, dirige vaguement un centre de recherche dédié à l’exploitation des énergies renouvelables et gagne beaucoup d’argent en donnant toujours la même conférence. Sa vie privée comptabilise cinq épouses et quelques dizaines de liaisons, mais quand il découvre que son épouse n°5 le trompe, il en est profondément humilié. Une invitation à participer à un voyage d’étude dans le grand Nord (pour voir de ses propres yeux les dégâts du réchauffement climatique) va lui offrir un dépaysement rude mais bienvenu. Ce voyage aura des conséquences imprévues qui vont donner une nouvelle direction à sa vie.
Avec Michael Beard, Ian McEwan dessine un personnage des plus antipathiques : lâche, menteur, trompeur, voleur et prétentieux. Et à travers ce personnage, l’auteur conspue tous ces pseudo-scientifiques qui font mine de s’intéresser au sort de notre pauvre planète malade, pour mieux engranger les profits. C’est uniquement par intérêt et pour redorer un peu son blason terni de physicien, que notre héros se lance dans le développement de l’énergie solaire : sauveur de l’humanité côté face, caisse enregistreuse côté pile.
L’histoire s’étire de 2000 à 2009, et pendant toutes ces années nous voyons Beard de plus en plus empêtré dans ses histoires sentimentalo-sexuelles, de plus en plus gras, de plus en plus alcoolique et de plus en plus sale. L’antipathique Michael Beard est le symbole parfait de cet homme occidental qui est tellement obsédé par la consommation et par la satisfaction de ses plaisirs qu’il fonce droit dans le mur où il ne va pas tarder à s’écraser. Le propos est intéressant mais j’ai trouvé vraiment fastidieuse la lecture de toutes ces pages dédiées à sa vie sexuelle. Mais Michael Beard sera puni par où il a pêché : l’auteur a eu la perversion de lui coller un mélanome, cancer lié à une trop forte exposition au soleil, et qui va probablement le tuer. Bon débarras !
D'autres billets : Ys - Fabienne - Jostein - Keisha
Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon.
Gallimard, 2011. – 389 p.