La grande maison - Nicole Krauss
« L’absence des choses est plus utile que leur présence »
Voici un roman que j’ai attendu longtemps : cinq ans depuis l’enchantement que fut L’Histoire de l’amour. Nicole Krauss reprend le même procédé narratif dans son dernier roman : des histoires qui s’entrecroisent d’un continent à l’autre, avec un objet pour point commun. Ici, l’objet est un bureau, objet gigantesque et original qui, tel le mistigri, apparaît ou disparaît.
Nadia, à New York, le tient d’un poète chilien et a construit sa vie d’écrivain autour de lui. Quand elle doit le rendre à la fille du poète, sa vie s’effondre et elle prend l’avion pour Jérusalem. A Jérusalem, Aaron qui vient de perdre sa femme, écrit à son fils dont il s’est éloigné et qui vit à Londres. A Londres, Arthur vient aussi de perdre sa femme et découvre qu’elle lui a caché pendant quarante ans quelque chose d’essentiel. A Londres encore, Isabel tombe amoureuse de Yoav, dont le père s’est donné pour mission de retrouver les biens volés aux juifs par les nazis.
Quatre histoires d’hommes et de femmes qui vivent coupés du monde, enfermés dans leur solitude, soit pour écrire, soit pour survivre, soit pour défier la mort. A travers ces destins anachroniques, Nicole Krauss multiplie les thèmes : l’écriture, la mort, l’amour, la guerre, la paternité avec, en toile de fonds, l’histoire tragique du peuple juif, de la chute du temple de Salomon à la guerre de Kippour, en passant, bien sûr, par la Shoah.
J’aimerais vous dire que ce roman m’a emportée autant que le précédent, mais ce n’est pas le cas. Je l’ai trouvé plus obscur, plus hermétique, et malgré son style impeccable et des pages bouleversantes d’émotion, je suis restée un peu frustrée avec davantage de questions que de réponses.
D'autres avis : Emeraude - Le Monde
Traduit de l’américain par Paule Guivarch.
Editions de l’Olivier, 2011. – 335 p.