Festival America
Pour la durée d'un week-end, la ville de Vincennes s'est transformée en capitale de l'Amérique du Nord, en accueillant les écrivains des Etats-Unis, du Mexique, du Canade, de Cuba et d'Haïti. Parmi eux, quelques auteurs qui m'ont enchantée ces derniers mois : Craig Johnson, Ron Rash, Joseph Boyden, Richard Price. Cet après-midi, j'ai donc enfilé mes baskets et me suis embarquée pour le Nouveau Monde.
Tous les lieux du festival sont situés dans les alentours de la mairie et ont été rebaptisé pour l'occasion avec des noms d'écrivains américains : salle Jack Kerouac, espace Truman Capote, auditorium Ernest Hemingway... Un petit passage à la billetterie où je me procure le kit du parfait festivalier : programme, plan, bracelet-laisser passer.
Autour de moi, ça parle anglais et espagnol de tous les côtés. J'adore ! J'ai l'impression d'être en voyage, d'avoir traversé non pas le périph' mais l'Atlantique.
Premier débat : "Un endroit où aller" qui réunit Ron Rash, Craig Johnson, Richard van Camp et Benjamin Percy. Tous ont en commun de vivre dans une contrée sauvage : Appalaches, Wyoming, Oregon, Territoires du Nord-Ouest, et tous expliquent à quel point les paysages qui les entourent ont marqué leurs romans. Le paysage est souvent un personnage à part entière. Pour Ron Rash, "le paysage est un destin" (ceux qui ont lu Un pied au paradis comprendront). Si on étudie le paysage, on étudie le monde et on comprend le monde. Craig Johnson explique que le Wyoming est un endroit très rude où la vie est souvent un combat contre la nature, c'est donc un paysage qui va bien au polar, où il est souvent question de vie et de mort. Dans ces contrées, l'humour est indispensable pour lutter contre la rudesse du monde. Benjamin Percy, quant à lui, rappelle que les grands paysages rapetissent l'humain. Sur la côte est des Etats-Unis, le paysage est vertical, à l'ouest auncontraire le paysage est horizontal et s'étend à perte de vue : c'est un paysage à conquérir au risque de se perdre.
Richard van Camp avec la photo de sa grand-mère.
En sortant de ce débat passionnant, j'ai le plaisir de croiser Delphine et Bookomaton qui font la queue pour le débat suivant. Et je continue pour le plateau suivant, un débat sur une ville que j'adore : New York. Pendant que je prends mon tour pour entrer, Brett Easton Ellis signe à la chaîne pour une foule d'admirateurs :
New York, donc, avec Douglas Kennedy, Adam Haslett et Richard Price. Richard Price est le seul des trois qui soit new-yorkais "pur jus" puisqu'il est né dans le bronx, vit aujourd'hui à Harlem et n'a jamais quitté Big Apple, qu'il connait par coeur et qu'il a vu énormément changer en cinquante ans. Il raconte qu'aujourd'hui quand il relit ses plus anciens romans, il ne reconnait plus ses propres descriptions de la ville. Pour lui aussi, la ville est un personnage. Et il écrit des romans noirs parce que New York est une ville violente, il la décrit comme une cellule cancéreuse. Ses romans sont prétexte à parler de New York et de toutes les cultures et sous-cultures qui y cohabitent plus ou moins bien. Pour Douglas Kennedy, au contraire, New York est la ville du succès et de l'ambition. Lui-même se révèle très ennuyeux, très creux et assez vain. A partir de son intervention, le débat part un peu dans tous les sens et tout le monde oublie New York. Dommage.
Le plateau suivant auquel j'assiste est une présentations de quatre romans par un libraire. Sont réunis Richard Russo (Les sortilèges de Cape Cod), Zoé Valdès (Danse avec la vie), Nadine Bismuth (Etes-vous mariée à un psychopathe ?) et Guillermo Fadanelli (Boue). Quatre romans sur le thème de l'amour et, plus largement, des relations hommes femmes.
Spécialement pour Cuné : Richard Russo avec son interprète.
Je n'ai pas vu l'après-midi passer. Je termine ma journée par un tour au salon du livre où je saute littéralement sur Craig Johnson, qui se révèle absolement adorable et me fait une jolie dédicace.
J'en profite pour lui demander de mettre un peu moins de neige dans son prochain roman. Ca le fait rire et il me répond que c'est prévu. J'en suis tellement émue que j'oublie de faire une photo.
Il y a une ambiance très chaleureuse dans ce salon du livre. C'est complètement surréaliste de voir réunis autant d'auteurs américains dans un si petit espace et ils sont tous absolument charmants, disponibles, souriants. Beaucoup de monde, mais beaucoup d'ambiance : de la musique country et de vrais indiens en costume qui signent leurs livres.
J'ai passé une après-midi formidable !
(à suivre)