L'histoire de l'amour - Nicole Krauss
Ce livre est une merveille. Une merveille de sensibilité, d’humanité et d’intelligence. Il est si merveilleux que je ne sais pas si je vais savoir vous en parler…
Je pourrais vous dire qu’il est construit comme un cercle sur lequel tourne un livre intitulé L’histoire de l’amour.
Je pourrais vous dire qu’il dessine un triangle qui relie la Pologne à New-York et à l’Amérique du Sud. Car tout commence en Pologne, un pays qui est vécu par beaucoup de juifs new-yorkais comme un paradis perdu, dont la Shoah les a chassés. Dans l’exil, des amants se sont quittés, des amis se sont perdus et des pères ont ignoré qu’ils avaient des fils.
Je pourrais vous dire aussi que ce roman est en réalité un concerto à trois voix, les voix de trois personnes qui cherchent quelqu’un ou quelque chose. Quelque part à New-York, Léo Gursky, un vieil homme qui attend la mort, cherche un fils qui ignore son existence. De l’autre côté de la ville, Alma, une adolescente, cherche à maintenir vivant le souvenir qu’elle garde de son père, mort depuis sept ans. Et bien plus loin, Zvi Litvinoff cherche à ne pas oublier le passé. Ce qui réunit ces trois personnes, et bien d’autres, c’est L’histoire de l’amour, un livre qui a toute une histoire…
Ah ! On n’a jamais si bien évoqué le pouvoir qu’on les livres dans nos vies. Un écrivain donne à son héroïne le prénom de la femme qu’il aime, un amoureux offre à sa femme le livre qu’il aime, un mère donne à sa fille le prénom d’une héroïne de livre. Où s’arrête la fiction et où commence la réalité ?
Un roman à multiples facettes à lire et à relire et au-dessus duquel je n’ai pu m’empêcher de voir planer l’ombre de Paul Auster, autre écrivain juif new-yorkais, adepte des histoires à tiroir…
Gallimard, 2006. – 357 p.