Un dieu un animal - Jérôme Ferrari

Un jeune homme revient dans son village natal. Il arrive d'un pays en guerre où il s'est battu pour une cause qui lui était parfaitement indifférente. Longtemps il a cru que la guerre serait l'ultime remède au vide de la vie, il a vécu les combats, la violence et la haine et a vu mourir son meilleur ami. Il revient chez lui mais ce n'est plus chez lui. Le passé est mort, l'avenir n'existe pas. Par nostalgie de son enfance et du temps de l'innocence, il essaie de retrouver la jeune fille qu'il a aimé à l'adolescence. Mais elle n'existe plus, elle est devenue une femme engagée dans une autre forme de guerre en se consacrant corps et âme à son entreprise et à sa carrière.
« [Ils] fouilleront sans répit leur propre chair jusqu'à ce qu'ils en extirpent la dernière parcelle d'invidualisme pour la jeter sur la pierre du sacrifice. Ils ne sont déjà plus des individus, ils sont les organes provisoires d'un être supérieur. Magali ne l'oublie pas, et ils ne seront jamais rien d'autre, même s'ils essaient de s'échapper, car un organe coupé est un déchet, pas un individu. »
C'est un texte magnifique et dur, le roman d'une génération perdue, entièrement écrit à la deuxième personne, comme si l'auteur tenait à s'adresser personellement à chacun de ses lecteurs. C'est un bloc sans respiration et sans chapitres, jeté à la face d'un monde sans espoir, sans illusion et sans âme.
« Si durement qu'on juge le monde, on n'en est jamais qu'une partie et il faut l'accepter car, hors du monde, il n'y a rien, nul repos, nulle bonté, nulle échappatoire, et on ne peut pas s'enfuir hors du monde. »
Il n'est pas possible de ne pas être touché par un tel texte, de ne pas se sentir concerné, et pourtant j'ai du mal à adhérer à une telle désespérance.
Les avis de Lily - Sylire - Yv - Cathulu - Fashion

Actes Sud, 2009. - 110 p.