Andreï Kourkov - Le pingouin

Publié le par Papillon

Victor Zolotarev est un écrivain raté qui vit à Kiev, en Ukraine. Pour combler sa solitude, il a adopté un pingouin, Michka. Et pour nourrir son pingouin, il a accepté d’écrire des nécrologies de personnages célèbres encore vivants. Et peu à peu les choses autour de lui semblent se détraquer : les gens dont il a écrit la nécro commencent à mourir, un mafieux fait irruption dans sa vie, il lui faut se cacher dans la datcha isolée d’un flic, etc.

L'idée de départ n'était pas mauvaise, mais j'ai vite cessé de m'intéresser aux aventures de Victor. Aventures est d'ailleurs un bien grand mot puisque tout ce qui est palpitant dans ce roman et que le lecteur devine, se déroule en coulisses. Ce que l’auteur donne à voir au lecteur, c’est uniquement la vie quotidienne de Victor, racontée dans un style très détaillé et méthodique : comment il écrit ses textes, comment il sa fait la cuisine, comment il nourrit son pingouin, comment il passe d’une pièce à l’autre de son appartement, combien de verres de vodka il boit chaque jour. Ce qui caractérise Victor, c’est son incapacité à éprouver des sentiments, son incapacité à diriger sa vie, il se laisse porter par les évènements, il se trouve toujours quelqu’un pour régler ses problèmes à sa place.

J'ai bien compris que l'auteur voulait monter un individu complètement déstabilisé par les profonds bouleversements de la société dans laquelle il vit (en l'occurrence, l'Ukraine post-soviétique et post-communiste), mais franchement j'ai trouvé le résultat bien décevant.
 
Extrait :
« Il regardait ses pieds en se disant que quelque chose ne tournait plus rond dans ce monde. A moins que ce ne soit le monde qui ait changé, ne demeurant le même, simple, compréhensible, qu’en apparence, alors qu’à l’intérieur, un mécanisme s’était brisé. On ne savait plus, désormais, quoi attendre des choses les plus banales, comme une miche de pain ou une cabine téléphonique. Chaque surface, chaque arbre, chaque homme, dissimulait un contenu étranger. Tout semblait familier, mais ce n’était qu’une impression. » (p.224)
 
Trad. du russe par Nathalie Amargier.
Editions Liana Levi, 2000. – 274 p.
 

Publié dans Littérature russe

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G
Un roman brillant, ou la loufoquerie de la situation y cotoie une profonde humanité. Une littérature légère sans etre dénuée d'une très grande qualité d'écriture. A ceux qui ont aimé ce roman je conseille Jorn Riel, Arto Paasilina ou encore Italo Calvino.
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P
Je lirai ton commentaire avec intérêt : tout le monde semble avoir adoré ce livre, sauf moi !
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E
Il est dans ma pal celui là, je te dirais ce que j'en ai pensé!!!<br /> Sympa ton blog, je ne l'avais pas encore vu!!!
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