L'arbre d'ébène - Fadéla Hebbadj
Rentrée littéraire 2008

Elle est dérangeante, la voix de Nasser, et elle m’a dérangée, remuée, troublée. Parce qu’elle décrit une réalité plus que difficile dans une langue poétique, onirique voire surréaliste. Elle parle de la difficulté d’être un enfant dans un monde d’adultes, d’être noir dans un monde de blancs, d’être sans identité dans un monde où l’être humain est souvent réduit à une étiquette, de la difficulté d’être différent, de la difficulté de vouloir garder sa singularité, d’adopter un nouveau pays, une nouvelle langue qui ne veulent pas de vous. Fadéla Hebbadj, par la voix de Nasser, nous interroge sur notre égoïsme de nantis :
« Ce pays est infesté par ses ordures. Il humilie sans peine les grandeurs humaines. Il meurt en déféquant. Il se lance à lui-même ses détritus en pleine figure parce qu’il ne sait plus où se sauver. Ils se répugnent eux-mêmes en nous traitant comme des déchets. Je voudrais ne pas avoir franchi les portes de l’océan. »
Pour aimer ce livre, il ne fait pas avoir peur de regarder la réalité en face…
Cuné et Laurence ont aimé.
Buchet-Chastel, 2008. – 172 p.