Paperboy - Pete Dexter
Accusé du meurtre du shérif Call, lui-même responsable de la mort de dix-sept personnes en toute impunité, Hillary Van Wetter croupit dans une prison de Floride en attendant d’être grillé sur une chaise électrique. Fasciné par ce condamné à mort et convaincue de son innocence, Charlotte Bless alerte la presse. Le Miami Times envoie sur place deux de ses reporters vedettes, Ward James et Yardley Acheman. Les deux hommes se lancent dans une enquête minutieuse et laborieuse. Parviendront-ils à faire libérer Hillary Van Wetter ? Ils se rendront compte, mais un peu tard, que ce n’était pas la bonne question à se poser…
Dans un style minimaliste, Pete Dexter nous plonge dans le Sud profond des années soixante. L’air est chaud et moite, les routes sont désertes, les indigènes taiseux et les marais profonds. Il y a du Faulkner chez Pete Dexter. Même décor, même fatalisme, même société dominée par une classe de privilégiés s’accrochant à ses certitudes, même population fruste. Mais le vrai sujet de ce roman, c’est la presse, le journalisme d’investigation. Ward James est un pur, un tâcheron qui s’accroche à son sujet et à son enquête comme un chien à son os. Pour lui, un bon papier repose sur les faits qu’il contient. Il est prêt à aller très loin pour trouver la réponse à ses questions et il est très patient. A l’opposé, Yardley Acheman est un ambitieux, un peu fainéant, qui fait confiance à sa plume pour écrire un article. Mais tous les deux échoueront dans leurs buts. Tous les deux ont tort.
Au début, l’action m’a paru très lente. Pete Dexter prend le temps de planter son décor, de présenter ses personnages, de poser toutes les pièces du puzzle. Peu à peu les fils se croisent et l’énigme se noue. Et il m’a été impossible de lâcher ce bouquin avant d’être parvenue à la dernière page.
Un roman noir et pessimiste, mais d’une force à vous couper le souffle. A lire à la lumière du spectacle affligeant que la presse nous offre aujourd’hui.
Traduit de l’américain par Brice Matthieussent.
Points, 2007. – 373 p.