Tsubame - Aki Shimazaki
Le poids des secrets /3
J’ai enfin réussi à mettre la main sur la suite de la pentalogie d’Aki Shimazaki dont j’attends toujours la parution en poche.
Après Tsabaki et Hamaguri qui nous avaient entraînés dans l’enfer du champignon atomique de Nagasaki, l’auteur nous fait ici faire un bond dans le temps. Nous sommes à Tokyo en 1923. Yonhi vit seule avec sa mère, originaire de Corée. Plusieurs années auparavant, le Japon a annexé la Corée et les militants nationalistes ont dû s’enfuir. C’est bizarrement au Japon qu’ils ont choisi de trouver refuge. Mais pour la mère et l’oncle de Yonhi, cet exil fut synonyme de pauvreté et d’humiliation. En 1923, la ville de Tokyo est ravagée par un tremblement de terre et le gouvernement en profite pour fusiller tous les coréens. Pour la protéger, la mère de Yonhi la confie à un prêtre étranger et lui donne une nouvelle identité : dorénavant, elle sera Mariko Kanazawa, un nom japonais. Pendant des mois, Mariko attend en vain que sa mère vienne la chercher.
Encore une fois, Aki Shimazaki mêle histoire individuelle et évènements historiques. A travers la vie d’une femme qui a dû toute sa vie cacher sa véritable identité, elle nous dévoile une page, peu glorieuse cette fois, de l’histoire moderne du Japon. Encore une fois elle mêle les époques : la vieille femme revoit l’enfant qu’elle a été et continue de s’interroger sur ses origines. Dans son style complètement épuré, elle parvient à tisser une histoire prenante et pleine d’émotions, tout en semant ça et là des petits cailloux qui nous relient aux volumes précédents. Ce troisième volume, qui continue d'explorer les secrets de la famille Takahashi, est aussi réussi que les deux premiers.
Elles en parlent : Jules - Clochette et Katell.
Actes Sud, 2001. – 123 p.