Transsibérien - Dominique Fernandez
En 2010, dans le cadre de L'Année France Russie, quinze écrivains français furent invités à embarquer dans le Transsibérien, train mythique s'il en est, pour parcourir les 9288 kilomètres reliant Moscou, à l'ouest, à Vladivostok, à l'est. Parmi eux, Dominique Fernandez qui rapporta de ce périple un journal de voyage.
C'est moins à une découverte touristique de la Russie que nous convie l'auteur, qu'à une plongée dans l'histoire tourmentée du plus grand pays du monde, de sa culture foisonnante et de son âme insaisissable. A chaque étape du train, les invités du "train des écrivains" font une halte plus ou moins longue, et sont invités à des rencontres avec des étudiants, des lecteurs, des artistes. Rencontres décevantes, trop formelles, banales, mal préparées. Dominique Fernandez se console en nous régalant d'anecdotes tirées de sa culture littéraire et musicale (qui semble inépuisable).
J'ai aimé ce parallèle entre le voyage littéraire et le voyage ferroviaire. Tandis que derrière la vitre se déploie un majestueux paysage rythmé par la Volga, l'Oural, la taïga sibérienne et le fleuve Amour, à l'intérieur du compartiment défilent Alexandre Dumas et Jules Verne, Tchekhov et Tolstoï, Gorki et Kessel. Jusqu'à ce que les voyages intérieur et extérieur fusionnent en un troublant vertige :
"Le vrai voyage ne consiste pas à attendre du nouveau, à guetter les surprises, qui sont des bornes que l'on fixe devant soi, mais à abolir toute distinction entre soi et le monde, par une dilatation de l'individu à l'infini. Telle est du moins l'expérience que permet le Transsibérien. A temps engourdi, à espace incommensurable, moi volatilisé."
Voilà qui me paraît terriblement tentant, et ça tombe bien puisque c'est justement dans cette aventure que je me lancerai dans quelques mois.
Grasset, 2012. - 298 p.