Rose, sainte-nitouche - Mary Wesley
A soixante-sept ans, Rose perd son mari. Elle avait épousé Ned cinquante ans plus tôt, avant la guerre, alors qu'elle avait dix-sept ans et était amoureuse de Mylo. Elle se remémore sa rencontre avec son mari, son mariage et les mois qui ont suivi. Et l'on découvre que pendant cinquante ans, et à l'insu de tous, Rose a vécu une double vie entre son mari qu'elle avait promis de ne jamais quitter et son amant Mylo, véritable amour de sa vie. Mais à dix-sept ans Rose avait choisi la sécurité à l'amour, en suivant les conseils de sa famille et en épousant un homme fortuné et plus âgé.
A travers les amours de Rose, l'auteur nous restitue les moeurs des années trente, époque guindée des mariages plus ou moins arrangés, de l'absence totale d'informations sur la sexualité, des couples qui se détestent en silence, comme celui des parents de Rose. Puis la guerre éclate avec son urgence à vivre, les convenances qui s'effondrent, les femmes qui s'émancipent. C'est la guerre qui donne à Rose l'occasion de retrouver régulièrement son bel et fougueux amant, mais c'est le veuvage qui libère sa mère, qui ne craint pas d'avouer à haute voix qu'elle a autant détesté la sexualité que la maternité.
Il y a, chez Mary Wesley, un goût certain pour la transgression, autant dans le langage qu'elle emploie que dans le sort qu'elle réserve à ses personnages : amours adultères, liaisons éphémères, mère célibataire. C'est un roman d'une étonnante modernité, en forme de romance, qui est cependant plus profond qu'il n'y paraît avec le beau portrait d'une femme qui essaie de trouver le bonheur dans une vie apparemment bien balisée par le mariage et la maternité. C'est surtout une magnifique histoire d'amour, délicieusement transgressive, qui traverse les années et les épreuves malgré l'absence et la distance.
D'autres avis : Clarabel - Laure - Antigone
Lu dans le cadre du Mois Anglais
Traduit de l'anglais par Michèle Albaret.
Editions Héloïse d'Ormesson, 2009 (1e éd. 1989). - 463 p.