Rencontres avec l'archidruide - John McPhee
L’archidruide dont il est ici question est un célèbre écologiste américain, David Brouwer, considéré comme le père de l’écologie militante moderne. Toute sa vie il a littéralement prêché pour la préservation des ressources et des espaces naturels sauvages et contre la croissance effrénée, d ’où son surnom d’ « archidruide ».
« Nous sommes accros à la croissance. Dépendants. Au cours de mon existence, l’être humain a utilisé plus de ressources que dans toute l’histoire de la planète avant lui. »
John McPhee fait ici le portrait de cet homme extraordinaire à travers trois récits. Trois ballades dans trois écosystèmes différents, où David Brouwer doit affronter trois contradicteurs : un exploitant minier dans la montagne du Glacier Park, un promoteur sur une île sauvage de l’Atlantique, et un spécialiste des barrages sur la Colorado River (où l'on retrouve l'ennemi personnel d'Edward Abbey : le barrage de Glenn Canyon). Et ce qui fait vraiment l’intérêt de ce livre, c’es que ces trois hommes ne sont pas des anti-écologistes primaires et bornés, mais bien au contraire des hommes intelligents, cultivés et amoureux de la nature à leur manière. Le lecteur assiste dans à des débats de haute volée où tous les arguments tiennent la route et donnent vraiment à réfléchir sur l’exploitation de la nature sauvage par l’homme moderne.
Mais ce roman est aussi une très chouette découverte des espaces sauvages de l’Amérique et de son histoire. On comprend mieux par exemple l’importance des barrages dans certaines régions pour apporter l’eau sur des terres arides, quand on sait que l’eau a été un enjeu crucial de la conquête de l’ouest. J’ai particulièrement aimé le premier récit qui se déroule lors d’une randonnée dans la montagne, et je partage totalement la conception de David Brouwer selon laquelle les beaux paysages doivent se mériter, par la marche notamment…
Un grand merci à Choupynette !
Traduit de l’américain par Laura Derajinski.
Gallmeister, 2009 (1e édition 1971). – 221 p.