Novembre à Paris (2)
Décidément, les mois se suivent et ne se ressemblent pas. Octobre fut le mois des battements de cœur et novembre celui des interrogations...
Côté expos :
Jeff Koons, au Centre Pompidou : Je suis allée voir cette exposition par pure curiosité, le nom de Koons étant davantage associé pour moi aux mots "dollars" et "scandale" qu'aux mots "art" et "création". Alors, comment vous dire ? Visiter la rétrospective Jeff Koons, c'est un peu comme visiter un parc d'attractions américain… Il y a du clinquant, des couleurs vives, des alarmes qui sonnent toutes les deux minutes (les visiteurs s'approchent trop des œuvres exposées), des pubs détournés et quelques classiques revisités (avec plus ou moins de goût). Certaines œuvres m'ont choquée (une salle est carrément interdite aux mineurs), d'autres m'ont amusée, il y a du très moche, de l'incompréhensible, du puéril, des trucs qui m'ont carrément paru de l'ordre de l'escroquerie intellectuelle, il y a de grands cartouches qui vous expliquent le pourquoi du comment. Sauf que moi, ce que j'attends de l'art c'est qu'il me touche, me bouleverse, m'émeuve, m'interpelle, change ma vision du monde, …
Et là, rien, pas la plus petite émotion. Suis-je trop bête ? Je m'interroge….
William Eggleston, à la fondation Cartier-Bresson : ce photographe des années cinquante et soixante est principalement connu pour avoir été un des premiers à avoir utilisé la couleur, qui n'était alors pas considéré comme "artistique", il a aussi été un des premiers à photographier avec des cadrages originaux des objets et des situations du quotidien : un gobelet sur une table, une voiture sur un parking, des bars déserts, des supermarchés, … Tout cela a du paraître très révolutionnaire à l'époque et pourrait nous paraître aujourd'hui bien banal, sauf qu'il nous montre une Amérique alternative qui commence à se déglinguer. Des photos comme dse tableaux qui montrent peu mais racontent beaucoup.
Côté théâtre :
Comment vous raconter la partie de Yasmina Reza, au théâtre du Rond-Point : Une jeune auteure à succès est invitée dans une petite ville de province pour une lecture de son dernier roman, Le pays des lassitudes (tout un programme…) dont l'héroïne est une jeune auteure qui vient de publier un roman intitulé Comment vous raconter la partie. Double mise en abyme, donc, puisque le public du théâtre du Rond-Point est invité à jouer le rôle du public de la salle polyvalente de Vilan-en-Volène. Cette rencontre-débat sent bon l'amateurisme et la province (rires) : un animateur maladroit et dégingandé (rires), un peu poète, qui se la joue intello ; une critique littéraire très parisienne et très prétentieuse (pléonasme ?) qui ne pas dire trois phrases sans citer un écrivain célèbre (rires) ; un maire débonnaire qui se propose de fournir à l'écrivain son prochain sujet de roman (rires) ; et surtout, une auteure qui n'a absolument pas envie de réponde à l'interview, ne de parler de son roman, ni de parler d'elle, ni qu'on la confonde avec ses personnages. So what ? Rien, on rit un peu tellement c'est caricatural, mais c'est quand même très creux. Grosse déception.
Le joueur d'échecs de Stefan Zweig, au théâtre Rive gauche : Eric-Emmanuel Scmidt adapte la plus célèbre nouvelle de Zweig, en prenant le parti de confondre auteur et narrateur, ce qui m'a agacée. Dans un décor qui suggère assez joliment le pont d'un transatlantique des années 40, Francis Huster joue tous les rôles, ce qui n'était pas forcément une mauvaise idée. Mais Huster en fait soit trop quand il jour Monsieur B., soit pas assez quand il joue Zweig. Il n'a pas réussi à m'émouvoir une seule seconde.
La mise en scène (Steve Sussa) et le texte insistent plus sur la folie de Monsieur B. que sur l'opposition des deux joueurs d'échecs (l'un raffiné, l'autre barbare). Et j'ai détesté la fin de la pièce où la biographie prend le pas sur le texte.
Grosse déception.
Côté ciné :
Respire de Mélanie Laurent (c'est Kathel qui m'a donné envie) : Charlie est une fille sérieuse et un peu solitaire. Une nouvelle élève arrive dans sa classe en cours d'année. Sarah est délurée, pas farouche, du genre à vouloir toujours être au premier plan. Les deux filles vont vite devenir inséparables et Charlie se retrouve totalement sous l'emprise de sa copine. Jusqu'au jour où une faille apparaît qui montre Sarah sous un autre jour : méchante, égoïste, manipulatrice. La relation tourne à la guerre et à l'humiliation, surtout quand Charlie découvre le secret que Sarah dissimule à tout le monde. Le récit d'une relation perverse qui m'a complètement scotchée tellement on y croit, tellement on se sent sous l'emprise de cette gamine, sans vraiment pouvoir en sortir. Le fin est bluffante.
Côté blog :
Les 3 billets les plus vus ce mois-ci :
Rentrée littéraire 2014
Le Système Victoria d'Eric Reinhardt
Le météorologue d'Olivier Rollin
(à suivre)