Les femmes du braconnier - Claude Pujade-Renaud
J’ai longtemps pensé que les poètes étaient des êtres éthérés et contemplatifs, nourris de mots et d’eau fraîche. Ce roman montre qu’il n’en est rien et nous présente un couple pour le moins extraordinaire.
Lui : Ted Hughes, anglais, a grandi à la campagne et est fasciné par la nature sauvage et les bêtes féroces, qui traverseront toute son œuvre.
Elle : Sylvia Plath, américaine, belle et talentueuse, flirtant sans cesse avec la mort et pourtant dotée d’un appétit de vivre qui confine à la voracité.
Leur rencontre se fait d’ailleurs sous le signe de la morsure et du sang. Ils se marient très vite et consacrent leur vie à la poésie. Des enfants viennent et des poèmes fleurissent. Mais Ted n’est pas du genre à se contenter de la monogamie. Il rencontre une autre femme, Assia, elle aussi artiste. C’est la séparation, bientôt suivie du suicide de Sylvia.
Sa mort tragique, autant que son œuvre poétique, ont fait de Sylvia Plath une icône tragique. On a beaucoup reproché à son mari d’avoir été à l’origine de sa mort. Claude Pujade-Renaud tente ici de montrer une autre réalité en s’appuyant notamment sur la psychanalyse. Elle prend le parti de faire raconter l’histoire par tous les protagonistes : parents, frères et sœurs, amis, voisins. Le tout donne une image très parcellaire de Sylvia Plath que l’on n’arrive pas vraiment à cerner. L’auteur insiste beaucoup sur la relation au père, mort quand elle avait huit ans, mais laisse complètement de côté le fait que Sylvia Plath souffrait de troubles bipolaires (ou névrose maniaco-dépressive).
La première partie du roman n’est pourtant pas sans intérêt qui nous montre un couple de poètes très bien organisés, qui s’occupent à tour de rôle de leurs enfants pour se consacrer à l’écriture, qui vivent de leur plume, cultivent leur jardin, cueillent des pommes et pêchent des truites. Mais après la mort de Sylvia, le roman tourne un peu en rond. Celle qui la remplace dans le cœur de son mari et qui connaîtra le même sort tragique, est une femme fade et maussade, et l’analyse psy finit par tourner à la rengaine.
Un roman décevant, mais qui m’a quand même donné envie de mieux connaître l’œuvre de Sylvia Plath et Ted Hughes.
D'autres avis : Cathulu (séduite), Fashion (déçue).
Actes Sud, 2010. – 349 p.