La sanction - Trevanian
Officiellement le Dr Jonathan Hemlock est professeur à l’Uni-versité de New York, et son expertise dans ce domaine est internationalement reconnue. Mais ce n’est certainement pas ce job prestigieux qui est susceptible de lui assurer la jouissance de la jolie collection de tablea ux impressionnistes qu’il planque dans le sous-sol de l’endroit baroque où il vit. Jonathan travaille aussi, et de façon beaucoup moins officielle, pour la CII, agence gouvernementale de contre-espionnage. Chaque fois s’un membre de la CII est abattu par l’ennemi, Jonathan a pour mission de le venger. Jonathan est un assassin qui applique des sanctions. Cette fois la sanction est double : deux hommes à abattre. Jonathan refuse, mais la CII saura le faire plier, car la CII ne recule devant aucun moyen pour parvenir à ses fins : mensonges, vols et manipulations. Jonathan est d’ailleurs le seul à pouvoir accomplir cette mission, car la seule chose que l’on sache sur la « cible » est qu’elle doit participer à une expédition d’alpinisme sur l’Eiger, dans les alpes suisses, et Jonathan a été par le passé un talentueux alpiniste.
Voici un polar d’un genre différent, qui tourne autour de la personnalité charismatique de Jonathan Hemlock, dandy sportif et cultivé, absolument amoral, qui tue froidement, sans idéologie, sans passion et sans état d’âme. Seul l’art intéresse Jonathan. Et le sexe, qu’il pratique également sans état d’âme et comme une saine gymnastique. Le livre commence comme un mauvais roman d’espionnage. Rappelez-vous : les années soixante-dix et la guerre froide, les gentils américains contre les méchants russes. Sauf qu’avec Trevanian, il n’y a ni gentils, ni méchants. A travers la CII, il dénonce les manœuvres politiques de la CIA, dont il fait un monument d’inefficacité, d’inutilité et de bêtise. Au passage, il critique la politique extérieure des Etats-Unis depuis la fin de la guerre. Puis, le roman tourne au thriller psychologique. Le lecteur se retrouve sur un sommet alpin glacial et dangereux avec cette question : qui est l’homme à abattre ?
Un polar très original, parfaitement écrit et bourré d’humour, avec des dialogues parfaitement ciselés, un héros très sexy et des personnages secondaires complètement décalés.
Un grand merci à In Cold Blog et aux éditions Gallmeister.
Traduit de l’américain par Jean Rosenthal.
Gallmeister / coll. Totem, 2010 (1e édition 1972). – 338 p.