Je vois des jardins partout - Didier Decoin
Didier Decoin aime les jardins, et il aime les livres. Il considère qu’il n’y a pas de meilleur endroit pour lire qu’un agréable jardin. Des jardins, il en possède deux, l’un en région parisienne, l’autre en Normandie, dont il profite à tour de rôle en fonction des saisons. Car Didier Decoin se définit volontiers comme un « jardinier-usager, un jardinier-profiteur, un jardinier-jouisseur », un amoureux des jardins, mais pas du jardinage, en somme. Cet amour remonte à l’enfance, quand ses parents habitaient en face du Bois de Boulogne et que le Jardin de Bagatelle était sa cour de récréation. Depuis, il a visité et joui de nombreux jardins, et c’est à une promenade dans ses lieux favoris, plus ou moins fameux, qu’il nous convie dans ce petit livre, pour nous faire partager sa passion.
« Jusqu’à rencontrer Chantal, je connaissais des jardins – et seulement de vue, suis-je tenté de dire – mais pas le jardin. C’est elle qui m’a enseigné qu’il était une culture (sans jeu de mots), un art, un langage – voire une addiction. »
Didier Decoin parcourt donc le monde avec sa femme pour aller à la rencontre de jardins, dont il parle avec amour et poésie. La plupart d’entre eux, d’ailleurs, se trouvent sur les Iles Britanniques, puisque, comme chacun sait, l’art du jardin doit tout aux Britanniques. L’auteur nous entraîne ainsi du Jardin de la Lune de Weswell Manor au Jardin Blanc de Sissinghurst en Angleterre et d’Inverewe en Ecosse à Serre de la Madone en France.
C’est un récit qui part un peu dans tous les sens parce que Didier Decoin est un formidable conteur très bavard et très drôle qui, entre deux ballades horticoles, nous raconte quelques anecdotes personnelles ou historiques, et nous glisse quelques leçons de Botanique. Il sera ainsi question de palmier et de gingembre, de chrysanthèmes et de nénuphars, d’un rosier et de quelques abricots.
« Les nénuphars m’ont appris qu’il existait une plante qui se cultive toute seule, qui ne réclame ni eau ni lumière, et qu’on rencontre à l’état foisonnant dans tous les jardins sans exception aucune : elle s’appelle la frustration. »
Par ailleurs, le texte est truffé de références littéraires, ce qui ne gâche rien, et nous offre donc à la fois une promenade botanique et littéraire.
« Le jardinier et l’écrivain ont cette même obsession : couper ce qui dépasse, éclaircir le fouillis, dégager l’essentiel des structures et des coloris. »
JC Lattès, 2012. – 228 p.