Piazza Bucarest - Jens Christian Grondahl
En 1988, lors d’un voyage à Bucarest, Scott, photographe américain qui vit au Danemark, rencontre Elena, jeune roumaine qui rêve d’échapper à son triste destin. Il lui propose de l’épouser pour lui permettre de quitter le pays. Puis Scott tombe amoureux, mais Elena le quitte.
Voilà une histoire banale et qui ne m’a guère intéressée. « Cette histoire habituelle que je raconte encore et encore, peut-être précisément parce qu’elle n’est pas exceptionnelle. » Mais peu importe. Parce que ce qui domine dans ce roman, c’est la petite musique de Grondahl, un air doux et mélancolique qui interroge les intermittences du cœur. « Pendant longtemps, j’ai eu du mal à voir que la valeur de mes écrits ne résidait pas dans ce que je disais, mais dans les pauses, les silences. » Grondahl dessine des fragments d’histoires individuelles, au moment où l’Histoire est en marche. Il pratique une esthétique du détail : la trace d’un merle sur la neige, le sourire d’une jeune femme sous un châtaigner, ces instants qui justement nous resteront quand tout le reste aura sombré dans l’oubli. De même que la petite musique de Grondahl flottera encore longtemps dans l’air après que ce court roman aura été refermé.
Traduit du danois par Alain Gnaedig.
Gallimard, 2007. – 182 p.
La très belle critique de Calou