Le musée du silence - Yôko Ogawa
Dans La formule préférée du professeur, roman qui m’a permis de découvrir Yôko Ogawa, il était question de mémoire et de transmission transgénérationnelle. Ce sont ces mêmes thèmes que l’on retrouve ici.
Une très vieille dame, qui habite un manoir isolé, délabré et déserté, engage un jeune muséographe pour mettre en scène une collection très particulière. En effet, chaque fois que quelqu’un meurt au village, elle se débrouille pour récupérer un objet qui soit particulièrement emblématique du disparu. Au fil des ans, elle a ainsi accumulé, généralement en les dérobant, des dizaines d’objets insolites et hétéroclites .
Dès les premières pages, l’auteur installe une atmosphère d’étrange étrangeté, en créant un lieu à la fois intemporel et hors du monde. Jour après jour, saison après saison, nous y suivons le jeune muséographe dans toutes les étapes de sa tâche : inventaire des objets, étiquetage, tri, classement, indexation… Tous ces objets ont pour seul point commun d’être la trace d’une vie humaine, et, ainsi rassemblés, ils dessinent une sorte de mémoire collective, familière et émouvante. Mais le jeune homme va découvrir que sa tâche vient bien au-delà de la création d’un musée. Et auteur de lui gravite une micro-société qui paraît banale mais lui réserve bien des surprises.
Beaucoup de charme et de mystère dans ce roman qui flirte avec le fantastique, et dont la fin surprenante m’a beaucoup fait pensé à La Femme des sables de Kôbô Abé.
Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle.
Actes Sud / Babel, 2003. – 316 p.