Le goût de vivre : retouver la parole perdue - Edouard Zarifian

Publié le par Papillon

Edouard Zarifian, psychanalyste, professeur émérite de psychiatrie et de psychologie médicale à l’université de Caen, vient de mourir à l'âge de soixante-cinq ans. Il avait notamment publié Les jardiniers de la folie, Des paradis plein la tête et La force de guérir. C'est l'occasion pour moi de vous parler de son dernier ouvrage.

Le goût de vivre est  un livre de psychologie très intéressant à lire. D’abord, parce qu’il se lit facilement, contrairement à beaucoup de livres du genre. Ensuite, parce qu’il a visiblement été écrit en réaction à un certain discours des neurobiologistes qui tendent à nous expliquer que la biologie sera bientôt capable d’expliquer tous les comportements humains, y compris l’amour, et que toutes les maladies mentales pourront se soigner grâce aux médicaments. L’auteur développe un autre discours en expliquant que si le cerveau et son fonctionnement sont communs à toute l’espèce humaine, le psychisme, lui, est propre à chaque individu. Le psychisme se construit sur le réel, le symbolique et l’imaginaire. Il est invisible et imperceptible. Le seul moyen d’accéder au psychisme d’autrui c’est la parole. La parole, d’ailleurs, ne se limite pas au langage mais englobe les gestes et les attitudes. Et donc, pour soulager sa souffrance psychique, il faut réapprendre à parler avec autrui. Parler avec ses proches, dans les cas les moins graves et parler avec un professionnel de la santé mentale dans les cas pathologiques.

Et cet ouvrage remet les choses en place à propos d’une certaine utilisation que l’on fait actuellement de la psychologie. L’auteur nous y explique qu’il n’y a a pas de recette miracle pour guérir de ses problèmes psychologiques : il faut travailler sur soi, ce qui demande certes un effort et du courage, mais se révèle bien plus payant que de faire confiance à des gourous du bien-être.


Odile Jacob - 2005 - 236 p.

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L
Bravo pour ton site, très agréable. Un petit regret : je n'ai pas pu accéder à ta critique de Kate Atkinson, alors que j'avais adoré ce livre. Je reviendrai, à bientôt!
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P
Merci Myster !
S
Ce que tu dis à propos des médicaments et de la psychiatrie me fait penser à l'épisode ou Paloma va chez le psy avec sa mère...(dans le hérisson bien sûr)
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P
Il faut dire que chez Muriel Barbery, les psy ne sont pas très sympathiques ;-))
M
Je ne savais pas que E. Zarifian était mort. Son discours me met du baume au coeur dans cette période de normalisation à tout va. Et je suis ravie que la mobilisation des psychiatres et des professionnels qui travaillent autour de l\\\'enfance aient réussi à faire barrage au projet de loi de NS sur l\\\'assimilation de la "délinquance" à une pathologie mentale, et qui toujours selon les méthodes du même NS, se réglerait à coup de pilule, quelque soit l\\\'âge du sujet. La camisole chimique a de beaux jours devant elle, d\\\'autant plus qu\\\'elle contribue à remplir les poches des labos et de leurs actionnaires, qui comme par hasard sont aussi souvent des politiques. Le pire étant que la vulgarisation, via les médias, a pour effet pervers, que ce sont maintenant les parents qui nous suggèrent des diagnostics et nous demandent si la prescription de tel médicament n\\\'aiderait pas leur enfant ! Grrr, j\\\'enrage, désolée d\\\'avoir été si longue...Restons vigilants !
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P
Je suis assez d'accord avec toi là-dessus. Tout écart à la "normalité" devient pathologie, toute pathologie réclame médication. On est bien loin d'Erasme et de son Eloge de la Folie !
T
Merci pour ce résumé très clair sur un livre "médical". <br /> En effet, si l'amour pouvait se déclencher sur commande en prenant quelques hormones de ci ou quelques plantes de là, ça se saurait... Rien ne vaut la com-mu-ni-ca-tion !<br />  
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P
Exactement, Tamara !
G
Je ne connais pas cet auteur mais suis tout à fait d'accord avec son analyse. C'est sans doute plus facile de se sentir mieux grâce à des médicaments, mais rien ne remplacera la communication et le travail sur soi....
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P
Le travail sur soi, c'est dur mais ça donne la liberté ; les médicaments, c'est facile mais ça asservit...
C
Tu as raison, c'est un auteur intelligent facile à lire.J'avais beaucoup aimé  "les  jardiniers de la folie"
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P
Et quel joli titre : Les jardiniers de la folie. Il est sur ma LAL et attend son tour avec patience ;-)