Adultères - Woody Allen
Woody Allen n'a pas fait que des films : il a aussi écrit des pièces de théâtre. Trois de ses pièces en un acte sont présentées par le Théâtre de l'Atelier sous le nom générique d'Adultères. J'en ai vu deux.
Dans Central Park West, Phyllis, brillante psychanalyste new-yorkaise, vient de se faire plaquer par son mari et découvre par la même occasion qu'il entretient une liaison depuis plusieurs années avec sa meilleure amie Carol. L'arrivée de Carol va être l'occasion d'un violent règlement de comptes entre les deux femmes, qui va se compliquer d'un déballage conjugal sordide quand vont entrer en scène les deux maris. Vous l'aurez compris, nous sommes dans un vaudeville construit autour de toutes les obsessions de Woody Allen : sexe, relations de couple et petites névroses ordinaires de la vie à deux. Malheureusement, la pièce est complètement desservie par une traduction vulgaire et une mise en scène hystérique. De ce naufrage, surnagent quelques réparties brillantes, spirituelles quoique cruelles, que je conseille au spectateur de savourer parce que le pire est à venir…
Dans Old Saybrook, Norman et Sheila fêtent leurs sept ans de mariage dans leur résidence du Connecticut en compagnie de la soeur de Sheila, Jenny, et de son mari, quand débarque un couple d'inconnus. Hal et Sandy ont vécu autrefois dans cette maison et ont la nostalgie de revoir le lieu de leurs premiers ébats amoureux. C'est aussi l'occasion pour Hal de révéler à Sheila l'existence d'une cachette dans la cheminée. Et que trouve Sheila dans la cachette en question ? Le journal intime de son mari où celui-ci raconte avec force détails, dessins et photos, sa liaison torride avec Jenny. Sheila pique bien évidemment une crise, ce qui permet au spectateur de revoir quasiment la même scène que précédemment : les mêmes acteurs, dans les mêmes rôles, jouant le même texte. Et cette fois, c'est la mise en scène qui est vulgaire. L'auteur s'est alors rendu compte que sa pièce ne menait pas à grand-chose et s'en sort par une pirouette à la Pirandello en nous proposant un remake de Six personnages en quête d'auteur. Ce sera l'occasion d'une petite réflexion philosophique que ne renierait pas Jean-Claude Delarue :
1) l'amour a-il un avenir dans le mariage ?
2) le mariage a-t-il un avenir hors de l'adultère ?
3) le couple a-t-il un avenir après l'adultère ?
Je me suis ennuyée à mourir et ce spectacle est sans doute le plus mauvais que j'ai vu depuis longtemps…
Adultères, trois pièces en un acte de Woody Allen, traduction de J.-P.Richard.
Mise en scène Benoît Lavigne.
Avec X.Gallais, P.Arbillot,V.Karsenti, B.Yerlès, E.Rembauville, F.De la Villehervé, D.Daguier
Théâtre de l'Atelier.